
Nous sommes cinq Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique (appelées ici ‘Sœurs Blanches’ ) dans notre communauté de la Marsa située à 20 km de Tunis.
Maria, espagnole et Iwona, polonaise, sont responsables de notre bibliothèque de quartier qui accueille une centaine d’enfants du primaire et des élèves du collège. Ils y viennent les après-midis après leurs cours et y reçoivent un soutien scolaire personnalisé. Des bénévoles tunisiens et expatriés animent ce soutien. Des familles tunisiennes viennent aussi emprunter des livres (en français, arabe, anglais). C’est un beau lieu de rencontres internationales, interculturelles et interreligieuses. Iwona est nouvelle en Tunisie et consacre donc le reste de son temps à l’apprentissage de l’arabe tunisien. Avec un couple de notre paroisse, elle est en charge de l’aumônerie des collégiens, la Marsa étant une commune où habitent de nombreux expatriés.
Spéciosa est rwandaise. Elle est responsable de la CARITAS Tunisie. Ce service d’Eglise vient en aide aux prisonniers chrétiens (originaires de nombreux pays) par des visites, des liens avec leurs familles… Les migrants sont aussi nombreux à venir frapper à la porte, des migrants bloqués dans le pays et/ou escroqués… CARITAS a ouvert plusieurs foyers pour accueillir celles et ceux qui font le choix de rentrer dans leur pays. L’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) leur fournit alors le billet de retour. Avec l’apostolat de Spéciosa, nous vivons de près des histoires personnelles tragiques. Dans notre paroisse, elle est en charge du groupe des migrants qui s’est lui-même nommé « Notre-Dame des Migrants ». Ils se retrouvent pour prier, échanger.
Melika est une sœur retraitée. Elle travaille sur le 3ème niveau d’une méthode d’apprentissage de l’arabe tunisien. Cette méthode a été créée par des Sœurs Blanches et les manuels des niveau 1 et 2 ont déjà été édités.
C’est avec ces manuels que les étudiants du Centre Diocésain d’Etudes apprennent l’arabe tunisien. Je suis responsable de ce centre qui est au service de la formation continue du diocèse. Cours d’arabe tunisien, d’islamologie et de Bible sont proposés en vue de permettre une intégration dans le pays et dans l’Eglise de Tunisie. Cet engagement me met en contact avec des personnes de tous les continents qui désirent se former. Une nouveauté cette année : nous avons mis sur pied une session d’arabe liturgique avec des vidéos pour apprendre le Notre Père, le Sanctus… en arabe.
Une 2ème mission m’a été confiée avec un Missionnaire d’Afrique zambien. Nous sommes aumôniers de la JCAT (Jeunes Chrétiens Africains en Tunisie). Environ 8 000 étudiants sub-sahariens choisissent de venir étudier en Tunisie, la plupart dans des universités privées. C’est un grand défi de pouvoir leur offrir un lieu, des activités, des temps de prière… qui leur permettent de se retrouver entre eux, d’échanger, de prier et de se détendre. En quittant leur pays et leur famille, un certain nombre quitte également les repères reçus des parents. Au niveau de notre paroisse de la Marsa, avec un couple de Français, j’anime l’aumônerie des lycéens.
La diversité de nos apostolats est d’une grande richesse pour chacune de nous car nous recevons beaucoup les unes des autres. Nous sommes « Femmes avec les femmes » comme le voulaient notre fondateur le Cardinal Lavigerie. Femmes aux oreilles et aux cœurs souvent sollicités pour écouter les histoires heureuses mais aussi (très) douloureuses de nos amies tunisiennes, sub-sahariennes, de mariage mixte, étudiantes… Des pages d’Evangile que nous vivons ensemble.
Sœur Cécile Dilé