En découvrant combien Marie personnifie l’espérance, j’ai ressenti le lien si fort qui unit Marie et les mamans congolaises. J’ai compris pourquoi ces mamans personnifient pour moi l’espérance.
MAMA SIFA descend rapidement la colline. Il est 6h du matin. Elle s’en va vers le lac Kivu comme chaque matin, avec un sac en plastique et … son chapelet. Sur la rive, elle remplit son sac de plus ou moins 50 kg de sable. Elle le cale sur ses reins et l’attache avec une courroie tressée qui enserre son front. Avec d’autres mamans, elle remonte lentement la colline, long calvaire d’une demi-heure, d’une heure ou plus… Le soleil brille ou la pluie tombe à torrent… Elle avance la tête courbée. Mama Sifa est jeune. Elle pourra faire trois voyages dans la journée. Son chapelet en main, le cœur rempli d’espérance, elle marche, heureuse de penser à la farine qu’elle achètera pour le repas du soir. Un jour qu’elle remontait à vide, le » patron » étant absent, elle me dit avec un sourire un peu douloureux : « Demain, cela ira mieux. »
6h du matin, l’église est presque remplie de papas et surtout de mamans. Ils viennent à la Source… se nourrir de la Parole et du Pain pour affronter le dur quotidien. Et ils chantent et ils dansent de tout leur cœur.
MAMA CHANCE a déposé une casserole de nourriture derrière la porte de l’église. Elle n’est pas seule ! L’Eucharistie terminée, elle descend vers la prison. Son fils s’y trouve depuis trois semaines, suite à une bataille entre voisins pour obtenir un boulot. Chaque soir, elle lui apporte de quoi survivre. Chaque jour, elle espère que l’affaire s’arrangera.
MAMA JOYEUSE, elle, va à l’hôpital. Son mari est malade depuis quinze jours. Avant de remonter la colline avec un sac de manioc sur le dos, elle lui apporte un thermos de thé et un peu de nourriture. Mama, où vas-tu trouver l’argent pour payer les frais médicaux ? » Un beau sourire illumine son visage « Dieu est là. Abandonne-t-il les oiseaux et les fleurs des champs ? » 18h30… Il fait obscur. Des gamins crient » Pétroli, pétroli… « Dans une petite boîte (de concentré de tomates) il y a du pétrole à vendre pour remplir les lampes.
MAMA SAKINA a préparé le repas… dans un plat, une boule de pâte, dans une casserole, des légumes verts à partager entre les huit enfants et leurs parents. On frappe à la porte… « Karibu, MAMA AIMEE ». Celle-ci entre, un peu gênée. « Je n’ai pas vendu aujourd’hui. On n’a rien à manger ce soir. » Sans hésiter, Mama Sakina partage les légumes et la boule déjà pas très grosse. Demain, qui sait si ce n’est pas elle qui ira chez Mama Aimée.
Chaque soir, dans tant de logis de l’immense cité de Kadutu (quartier de Bukavu, à l’Est de la RD Congo), on prie MAMA MARIA, celle qui a attendu toute sa vie, celle qui a espéré contre toute espérance, celle qui n’a jamais douté de son Fils Jésus.
Sainte Marie, je comprends mieux pourquoi le nom préféré que les mamans congolaises te donnent est celui de MAMA. Oui, toi, MAMA MARIA, tu les comprends si bien, tu es présente à leurs souffrances, leurs peines, leurs douleurs. Elles savent que tu as cherché trois jours durant ton Jésus, que tu es restée debout près de la croix, que tu as reçu ton Fils mort entre tes bras et que tu as toujours espéré.
Mama Sifa, Mama Chance, Mama Joyeuse, Mama Sakina, Mama Aimée sont fondées sur Dieu, sur son amour, sur sa fidélité… Elles s’appuient sur la foi et se nourrissent de la charité. Elles ne se laissent pas abattre par les souffrances présentes. … Elles cheminent à la suite de MAMA MARIA ESPERANCE
Soeur Patricia Mssart