Une petite annonce, un appel :
De façon un peu distraite, j’avais lu une petite annonce dans laquelle on demandait des bénévoles pour l’accueil des SDF pendant l’hiver. Le mercredi des cendres cet appel m’est revenu en mémoire avec beaucoup d’intensité : « Mia, fais cela ! » Je téléphone à la responsable et elle me dit qu’on cherche encore des bénévoles pour s’asseoir simplement parmi les personnes qui viennent à l’accueil, dans une salle paroissiale, de 15h à 19h.
Ma réponse : « J’y vais. »
Les gens entrent dans la salle où différentes boissons sont à leur disposition autant qu’ils le désirent. Vers 17h un repas chaud leur est offert. Il y a environ 50 à 60 personnes. Chacun va se servir et plusieurs le font une deuxième et même une troisième fois. Moi aussi je vais me servir pour manger comme eux et avec eux. Parfois l’un d’eux m’apporte même une assiette !
Que dire de ces rencontres ?
J’ai surtout beaucoup écouté. Certaines personnes me racontaient toute leur histoire personnelle : pas de travail, drogue, solitude… Il y a des personnes belges mais aussi des « sans papiers » de différentes nationalités. Je me sens bien parmi eux, parmi ces « préférés de Jésus » comme je le pense souvent. J’ai vraiment admiré le courage et la volonté de ces personnes qui veulent « s’en sortir ». J’ai été émue de la sincérité et de la confiance avec lesquelles elles m’ont partagé leur vie. Malheureusement le 31 mars je suis allée à l’accueil pour la dernière fois car il a fermé avec la fin de l’hiver. Donc plus d’endroit pour passer la nuit mais de nouveau la rue ou un immeuble squatté.
Je repense à la conférence que soeur Carmen Sammut a donnée à l’UISG (Union Internationale des Supérieures Générales). Ne disait-elle pas : « Que nous disent ces jeunes gens en prenant la drogue ; en dormant dans les rues ?… Il faut créer des espaces de fraternité… Nous sommes envoyées à la périphérie… Vivre un style de vie qui sait dire : « cela suffit ».
Une jeune femme, bénévole elle aussi, me dit : « Depuis que je viens ici, je me rends compte combien je vis dans le luxe ; je rentre chez moi et je trouve un lit, une douche, un frigo bien rempli… » Moi aussi je me sens privilégiée. Ma mémoire et mon cœur sont maintenant peuplés de ces différents visages, de ces noms qui me rappellent tant de conversations émouvantes. Ces personnes me manquent. Je les confie au Père Miséricordieux pour qu’il leur soit proche. « Peut-être à l’hiver prochain ! », comme me disait une jeune femme quand j’ai pris congé d’elle. Je ne suis allée à l’accueil qu’une fois par semaine, mais j’en reste marquée.
Une nouvelle petite annonce !
Cette fois-ci, c’est pour un « Café sans bière », lieu d’accueil en soirée pour des personnes seules, ex-prisonniers, ou ayant des problèmes liés à la drogue… qui a besoin de bénévoles. Nous avons eu notre première réunion avec les responsables du projet.
De petites annonces en appels de Dieu, je rejoins ainsi, à mon âge et à mon rythme, « les périphéries » dont parle si souvent le pape François.
Soeur Mia Van Looy, soeur Missionnaire de Notre Dame d’Afrique,
Antwerpen, Belgique