Il y a 150 ans, le 11 novembre 1866, le futur fondateur d’Instituts missionnaires, Mgr Lavigerie, eut un songe prémonitoire sur tombeau de St Martin à Tours.
Au début de 1866, l’archevêque de Tours, Mgr Guibert avait demandé aux évêques de France de contribuer à la reconstruction de la basilique dédiée à saint Martin. Monseigneur Lavigerie, alors évêque de Nancy, ne se contenta pas de recommander la quête par quelques lignes ; il consacra toute une lettre pastorale à l’apôtre des Gaules.
« J’avais entrepris, écrit-il, d’étudier pour moi seul la vie de cet admirable évêque, y cherchant des exemples de foi intrépide, de patience, de charité, dont a besoin ma faiblesse. Mais à mesure que j’étudiais, dans les anciens monuments de son histoire et de la nôtre, cette grande figure, je sentais le désir de la ressusciter à vos yeux, comme l’image achevée du pasteur, du moine et du missionnaire. »
Saint Martin et la nouvelle évangélisation
St Martin suscita l’intérêt de Lavigerie car il sut répondra aux conditions nouvelles rencontrées par l’Eglise de son temps. La fin de la période des persécutions ouvrait de larges perspectives pour l’évangélisation des campagnes et la conversion des Barbares : encore fallait-il trouver des méthodes appropriées. L’une consista dans l’adaptation à l’Occident du monachisme né en Orient, avec la création d’abbayes. Ces lieux de prière devaient maintenir la source essentielle d’une vie de foi, menacée de perdre sa vigueur dans le monde trop facile d’un Empire devenu officiellement chrétien.
Quant à l’évangélisation des campagnes, saint Martin déploya une inlassable activité : « Martin sort, suivi de ses frères, de son monastère de Ligugé, comme plus tard il les entraînera à sa suite, de sa retraite de Marmoutiers, pour aller avec eux prêcher la foi à ceux qui l’ignorent. Les moines instruisent les peuples, ils les baptisent avec lui… »
Saint Martin, un modèle missionnaire pour Lavigerie
Pourquoi ces pensées préoccupent-elles l’évêque de Nancy ? Expriment-elles simplement l’intérêt de l’ancien professeur en Sorbonne pour l’histoire des premiers siècles de l’Eglise, dont il poursuivait l’étude à ses moments de loisir ? Attirance réelle, mais elle dépassait le seul souci d’érudition. Son intérêt pour l’apôtre des Gaules s’expliquerait aussi par l’étude d’un modèle appelant, de sa part, un engagement semblable : réagir aux conditions nouvelles d’une époque, qui permettaient l’approche par l’Eglise de régions jusqu’alors inaccessibles à l’Évangile. Un fait, malgré son apparence banale, semble révélateur .
Le songe Lavigerie sur le tombeau de Saint Martin
Le 11 novembre 1866, Mgr Lavigerie se trouvait à Tours ; après cette journée toute consacrée au souvenir de l’apôtre des Gaules, il eut un songe : « Il lui sembla qu’il était transporté dans un pays inconnu, lointain, où des formes humaines, de figure bistre ou noire et de langue étrange, se présentaient à lui. » Le lendemain, il rentrait en Lorraine et quelques jours plus tard, il recevait la lettre du maréchal Mac-Mahon qui lui demandait s’il pouvait proposer son nom pour devenir évêque d’Alger !