Après quelques années de présence des Soeurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique au Mexique, le temps de quitter ce pays est arrivé et les sœurs qui y ont séjourné nous partagent ce qu’elles y ont vécu.
Nous avons vécu avec les gens de la paroisse une présence missionnaire consolante. Ils ont appréciéque nous soyons parmi eux. Pour certains, c’était la première fois qu’ils avaient des contacts directs avec des religieuses et cela avait de la valeur pour eux et leurs familles. Ils étaient très libres de partager avec nous ce qu’ils vivaient, de telle sorte que nous aussi étions unies à eux comme ils l’étaient à nous. Nous chérirons toujours les nombreuses expériences que nous avons vécues avec eux.
Présence auprès des pauvres
L’accompagnement des malades a été une expérience enrichissante, ainsi que la rencontre de femmes dans la rue, en situation de prostitution. Elles disaient :
«Merci d’être une sœur avec qui nous pouvons partager ce que nous vivons et d’être aussi une épaule sur laquelle nous pouvons compter chaque fois que nous sommes déprimées». Leur angoisse émotionnelle peut être très forte. C’est souvent pire que la douleur physique, comme si leurs cœurs étaient déchirés ! Comment soulager une telle douleur ?
Bien que nous ayons constaté que partager le silence de personnes malades pouvait être très consolant, nous avons réalisé qu’embrasser le silence ensemble exigeait un changement de mentalité : passer de faire quelque chose pour les malades à être avec eux. Cela a demandé du courage et nous a permis de devenir plus ouvertes et vulnérables.
C’est ainsi que nous avons essayé de soulager la souffrance par le silence et une présence active, réconfortante et consolante. Le seul outil dont nous disposions pour vivre ces moments avec les malades et les personnes que nous accompagnions de différentes manières, c’était nous-mêmes, en étant présentes.
Sœur Amalia le dit avec ces mots : « Depuis plus de 15ans à Morelia, j’ai participé à un groupe d’entraide avec des personnes vivant avec le VIH / SIDA. Beaucoup d’entre elles, à cause de la stigmatisation que cette maladie porte toujours, doivent la cacher avec les conséquences douloureuses que cela entraîne.
Dans le groupe, chaque personne est accueillie, écoutée avec beaucoup de respect et soutenue par l’expérience d’autres personnes qui vivent la même réalité. Je partage avec eux leurs souffrances, leurs luttes, leurs espoirs, leurs aspirations légitimes à être reconnus et respectés dans leur dignité de personne. Nous formons une grande famille. Nous accompagnons également les familles des malades pour les aider à mieux comprendre et soutenir leurs proches au lieu de les rejeter. »
Ministère de la Parole
« Au cours de ces longues années, j’ai vécu de très belles expériences surtout avec les deux groupes d’adultes que j’ai accompagnés dans le ministère de la Parole et de la Miséricorde.
Dans le groupe de Bible j’ai été marquée par ce que le Seigneur fait dans le cœur des personnes qui, à travers la Parole, cherchent à mieux le connaitre pour l’aimer et le servir davantage. J’ai eu la joie d’être témoin du cheminement de personnes vers une plus grande liberté, une foi vécue avec plus de profondeur, d’engagement et de cohérence. » dit encore sœur Amalia.
Savoir quitter
Quand la nouvelle a été annoncée que nous quittions le Mexique, les gens étaient navrés. Certains sont venus nous partager leurs sentiments sur notre départ. En les écoutant, nous avons été vraiment reconnaissantes des ces années passées au Mexique. Ce fut une expérience de sentiments mitigés : bonheur, tristesse, mais aussi appel à planter notre tente ailleurs !
Nous avons confié les activités apostoliques aux laïcs qui collaboraient avec nous, afin d’assurer la continuité après notre départ. C’était aussi le temps de faire nos valises … pour un nouvel appel en Afrique !
Srs Linah, Amalia et Michelle, Soeurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique ayant vécu au Mexique