Par notre soeur Kordula Weber dans la communauté de Haus Lavigerie à Karlsruhe, Allemagne
Il y a trois ans en préparant des plats cuisinés pendant l’Avent, j’ai rencontré Nora, soudanaise, (nom et nationalité changés pour confidentialité).
Elle s’était enfuie avec sa famille, son mari et ses trois enfants. Son quatrième enfant, handicapé, était né en Allemagne. Pouvoir communiquer en arabe a facilité la prise de contact avec elle et toute sa famille.
En août 2020, Nora est venue me dire que l’agence de l’emploi ne leur versait plus de prestations: logement, nourriture, soins médicaux, et contribution pour les besoins personnels. Ces prestations étaient garanties par un permis de séjour qui venait de périmer !
Comme Nora ne parlait pas couramment l’allemand il était difficile pour elle de naviguer dans la bureaucratie. Le titre de séjour périmé elle n’avait pas immédiatement répondu à la demande du bureau de l’immigration de renouveler son passeport ainsi que ceux de sa famille. Celle-ci a tout fait pour en obtenir de nouveaux en allant à l’ambassade du Soudan à Berlin, mais la pandémie du Corona a empêché d’accomplir toutes les obligations dans le délai indiqué et la famille s’est donc retrouvée en situation illégale et sans argent. Entrer en contact avec le bureau de l’immigration était très difficile en raison de cette pandémie. Pas de prise de rendez-vous possible, pas de réponse aux appels téléphoniques ni aux courriels en raison de la surcharge du bureau !
Que faire ?
En attendant Nora a demandé un emprunt de 1 700 euros à l’agence pour couvrir tous les frais. Elle a reçu une réponse positive avec l’obligation de rembourser ce montant par tranches.
En collaboration avec Caritas, nous avons soutenu la famille par le biais de bons alimentaires et aussi en contactant d’autres instances gouvernementales, comme les affaires étrangères, le financement de la famille et le bureau de l’emploi. La famille a emprunté de l’argent à des connaissances pour acheter de la nourriture, du lait et ce qu’il faut pour les soins de l’enfant handicapé. Les enfants allaient à l’école, affamés, car il n’y avait pas de collation pendant la pause, seulement un repas par jour.
Le bureau de l’emploi ayant mis fin à tous les contrats, la famille n’était plus couverte par l’assurance maladie obligatoire en Allemagne. Nous avons aidé Nora à payer une assurance privée pour la famille.
Ils ont même été menacés de devoir quitter leur appartement, mais le propriétaire a été très compréhensif lorsque je lui ai parlé; cependant, ils devaient payer les factures d’électricité et d’eau, ainsi que la carte de transport pour que le père puisse fréquenter l’école de langue obligatoire.
La famille a été aidée grâce à de généreux dons. Au bout de deux mois, ils ont reçu leur nouveau titre de séjour et le transfert des fonds pour leur subsistance a été effectué. En raison de carences administratives, la famille a été poussée à des limites existentielles, mais elle a pu vivre dans la dignité grâce à un esprit de solidarité et de compassion.
Nous sommes tous heureux qu’après un an d’attente, l’enfant handicapé ait obtenu une place dans une école maternelle spécialisée. Après toutes ces peurs et incertitudes, l’avenir s’ouvre sur l’espoir et la confiance.