
Monsieur Moustapha Dia, sénégalais, enseignait à l’école Diam Ly où travaille Sr Victorine Bulangalire et il était le plus ancien animateur de la Maison du Quartier, mon proche collaborateur. Il est parti pour les îles Canaries, en bateau. Et nous avons appris qu’il est mort.
Selon un de ses amis qui voyageait avec lui, Moustapha est décédé le 3ème jour du voyage. Le bateau a perdu son chemin, a été à la dérive pendant 12 jours puis a été retrouvé et secouru par la Croix Rouge des Iles Canaries (Espagne) qui a pris en charge les survivants. Mais plusieurs migrants étaient déjà décédés par manque d’eau et de nourriture ou à cause de la chaleur. Le corps de Moustapha comme celui des autres naufragés a été rendu à la mer. Nous avons appris la nouvelle de sa mort le 17 septembre. Les enfants de la Maison du Quartier ont écrit des messages et dessiné en hommage à Moustapha. L’album a été envoyé à sa maman au Sénégal.
Avec Madame Chilo, directrice de l’école, j’ai passé un temps avec la famille. Moustapha était pour nous deux, comme un fils. Dimanche, les messes ont été célébrées pour Moustapha et les autres victimes, des migrants morts en route.
J’ai rencontré Moustapha la veille de son départ. Il m’avait dit qu’il allait pour une semaine au Sénégal renouveler son passeport. Il m’a aussi partagé son nouveau projet d’une salle de sport pour les enfants. Il nous reste un grand vide et une blessure. Cet événement nous a ouvert les yeux sur la réalité qui nous entoure.

Depuis le 1er septembre 2020, des milliers de migrants sont partis de Nouakchott pour l’Espagne. Car ce pays a fait un appel d’offre pour le travail aux champs. Les légumes et les fruits venant d’Espagne sont moins chers et sont exportés en grande quantité dans le monde parce que la main d’œuvre de migrants est moins chère. Qu’ils reposent en paix.
Sr. Celina Natanek, de la communauté des SMNDA de Nouakchott (Mauritanie)