MAMA BEA… DADA BEA… TU ES AUPRÈS DU BIEN-AIMÉ
Mama Bea, c’est le premier nom que je lui ai donné et par lequel je l’ai toujours appelée !
Elle était une maman pour nous parce qu’au Congo, les sœurs sont appelées des mamans (mama). Venant tout juste de la maison, en tant que pré-postulante, c’était ma première rencontre avec elle. Elle nous a accueillies, moi et mes compagnes, et elle a bien pris soin de nous comme une maman le ferait. A travers elle, nous avons vu la face de la congrégation. C’était une personne généreuse, toujours prête à prendre soin de nous comme une mère le ferait. Elle était une mère protectrice tout en nous guidant et en nous accompagnant. Elle était très humaine et compréhensive. Nous aimions particulièrement les soirées où nous dansions et chantions avec elle. Elle nous apprenait quelques chansons et des pas de danse. Bien qu’elle fût de taille assez grande, elle était très légère et souple lorsqu’il s’agissait de danser. Le beau sourire qu’elle affichait lorsque j’allais frapper à sa porte était très apaisant, car je me sentais calme même si j’étais troublée et prête à faire mes valises et à rentrer chez moi.
Pendant la guerre de 1996, nous avons fait un très long voyage de Bukavu à Arusha en Tanzanie en passant par Kigali au Rwanda et Kisubi en Ouganda. Un voyage qui nous a permis de grandir et de nous lier comme une seule famille. Au cours de ce voyage, j’ai beaucoup appris d’elle comment un missionnaire se prépare pour le voyage, avec la prière au centre de tout ; comment prendre soin de mes documents importants et comment je dois rester discrète lorsque les gens me posent des questions personnelles, etc. Nous n’avons pas seulement fait un voyage physique ensemble, mais c’était en effet un voyage spirituel ensemble dans cette période très difficile. Mama Beatrice nous a beaucoup aidés ! En arrivant à Arusha, nous nous sommes retrouvés avec elle à la même table pour apprendre l’anglais, quelle simplicité ! À son âge, il n’était pas très facile d’apprendre comme nous qui étaient encore dans la vingtaine. Elle était notre modèle d’humilité et de simplicité. Elle se laissait corriger, nous plaisantions ensemble sur nos erreurs, nous rions des erreurs des autres et pourtant elle était notre maîtresse de postulat ! Merci à maman Béatrice d’être le livre ouvert de la vie de la congrégation que j’ai lu et que beaucoup d’autres ont lu !
Nous nous sommes séparées, alors que je poursuivais mon cheminement vers l’expérience apostolique, le noviciat etc. Et elle était envoyée en Afrique de l’Ouest. Nos chemins se sont à nouveau croisés en 2015 lorsque je l’ai rencontrée à Bukavu. Dada Beatrice était une grande Sœur fiable sur laquelle je pouvais toujours compter. Elle était toujours pleine d’énergie et d’enthousiasme au service de l’accompagnement des postulantes et de jeunes sœurs. On pouvait sentir à travers les rencontres combien elle les aimait et souhaitait pour chacune d’elles le meilleur. Son optimisme faisait d’elle une porteuse d’espérance et ceci la soutenait dans sa maladie. Parfois, je me demandais comment ce serait si c’était moi qui étais malade, car pour elle, c’était toujours « tout va bien, tout ira bien ». Elle n’a jamais perdu espoir jusqu’au dernier moment ; elle a continué à espérer une amélioration de sa santé. En effet, la vie qu’elle espérait est en réalité la vie du Christ qui n’a pas de fin.
Oui, il est temps de dire au revoir, de te remettre à notre Dieu, qui t’a donné à nous. Je te dis merci au nom de tant de jeunes membres de la congrégation que tu as accompagnées comme moi. Merci pour l’héritage que tu nous as laissé. Merci d’être un ange de plus qui prie pour nous et pour la mission confiée à la congrégation. Tu vas nous manquer, mais Dieu t’a aimée plus que nous.
Adieu, maman Béatrice !
Que la terre de nos ancêtres te soit douce et légère !
Sr. Florence Mwamba Malunga