par la communauté de Ukusijoni, Uganda
Dans le cadre de notre projet commun où nous collaborons étroitement avec les Missionnaires d’Afrique, nous en sommes au stade de l’évaluation des besoins, ; nous venons de terminer dans un des camps des réfugiés. Nous nous rendons dans les camps de réfugiés et rencontrons les gens, nous les écoutons à travers des discussions de groupe, des visites à domicile, des entretiens et des questionnaires.
C’est une étape très enrichissante et nécessaire. Nous avons l’occasion de découvrir en détail la réalité dans laquelle vivent les réfugiés, leurs difficultés, leurs souffrances ainsi que leurs aspirations et leurs espoirs. Pour nous, c’est un véritable défi, car nous sommes confrontés à de réelles souffrances humaines. Le partage le plus déchirant est celui du manque de nourriture : rations réduites données par l’ONU, sol rocailleux, ou pas de terre où cultiver soi-même, récoltes détruites par le bétail… beaucoup se trouvent dans une situation désespérée.
Citons, entre autres, le témoignage de cette femme qui écrase des pierres pour les vendre et obtenir un peu d’argent pour acheter quelque chose à manger pour elle et sa famille. Épuisée après toute une journée de travail, elle réussit à remplir environ deux petits couffins de pierres, qui ce jour-là n’avaient pas donné assez d’argent pour nourrir ne serait-ce qu’une personne…. elle pleurait durant son partage…
Une autre réalité déchirante que nous avons découverte dans l’un des camps est le grand nombre de personnes âgées vivant seules. En raison de leur condition physique, elles ne parviennent pas à trouver des moyens de se nourrir, finissent le mois, toujours affamées ; elles dépendent absolument de l’aide des autres et se préparent à mourir en terre étrangère.
Une autre expérience est celle des nombreux enfants et jeunes contraints d’abandonner l’école en raison du manque de ressources pour payer les frais de scolarité, : leurs mères versent beaucoup de larmes pour ces enfants qui veulent aller à l’école comme les autres.
Beaucoup perdent espoir car leurs rêves de retourner au Sud-Soudan sont réduits à néant par la violence continue dans leur pays. Ils nous demandent de prier pour eux, pour la paix au Sud-Soudan. Ils nous demandent d’entendre leur cri et de parler, en leur nom, à ceux qui peuvent apporter un changement à leurs conditions de vie.
Face à toutes les souffrances que nous rencontrons, nous apprenons à accepter notre propre vulnérabilité et impuissance. Dans nos cœurs résonne encore plus fort l’appel du Seigneur : « J’ai entendu le cri de mon peuple, qui enverrai-je ? » et chacun de nous doit prendre courage chaque jour pour dire à nouveau : « Me voici, Seigneur ».