
Agathe Mukamuligo, communauté de Lilongwe (Malawi)
Qui sont-ils ? D’où viennent–ils ? Ce sont des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants qui vivent en famille, là où ils n’en ont pas. Parmi eux, beaucoup de veuves et des mères célibataires. Ils/elles viennent des pays des Grand-Lacs, de l’Afrique Centrale et sont maintenant dans le camp des réfugiés de Dzaleka, dans le district de Dowa (Malawi).
Où vont–ils ? Ils sont là, en attente d’un pays ou d’un continent d’accueil. La plupart rêvent des USA, du Canada, d’Australie et de Suède. Ils forment la communauté de vie et de foi St Ignace de Loyola. Ils ont droit au statut de réfugiés, mais il y en a qui l’attendent depuis longtemps : 21 ans pour les uns, 20 ans pour d’autres, 5 ans, 3 ans ou 1 année pour les derniers arrivés. Et ils continuent à arriver….
Bien qu’ils aient droit à la santé, il leur est parfois difficile d’avoir des soins appropriés, en temps voulu. Ils ont droit à la nourriture mais depuis quelque temps leur ration a été diminuée . Ils ont droit à l’éducation et peuvent étudier grâce au Service Jésuite des Réfugiés (JRS) qui a installé une école primaire et secondaire, pour eux et pour les enfants des familles locales des alentours. Toutefois, à cause du Covid19, il a fallu diviser les enfants en petits groupes d’études le matin et l’après-midi. Cela fait que ces enfants passent beaucoup de temps dans leur quartier ou dans leur maison, collés les uns sur les autres. En plus nous sentons déjà les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Malgré ces conditions ils vivent l’espérance…. Et moi aussi avec eux… Je chante souvent « Si l’Espérance t’a fait marcher plus loin que ta peur » ….
J’ai commencé mon apostolat à Dzaleka en décembre 2021. Le camp se trouve à 50 km de notre communauté de Lilongwe. Je travaille dans la Pastorale du Service Jésuite des Réfugiés (SJR) avec un père Jésuite originaire des pays des Grand Lacs comme moi. Il s’occupe surtout de l’éducation et je rencontre des mères de famille et des responsables de huit communautés chrétiennes, des jeunes et des enfants. Je les écoute et je partage leur vie. Nous avons l’occasion de prier ensemble. Deux fois par semaine et le dimanche je rencontre des groupes de travail, des mouvements d’action catholique et je visite des familles, en découvrant qui ils sont et ce qu’ils vivent, à la recherche d’une vie meilleure.
Le groupe des jeunes de 17 à 24 ans est très marqué par les évènements de leurs pays d’origine. Ils sont nés soit sur le chemin de l’exil, soit dans en camp en Tanzanie… et aujourd’hui ils sont à Dzaleka. Ceux de nationalité rwandaise ou burundaise, ne connaissent pas leur pays. D’autres ne parlent que le Chichewa, et un peu Kiswahili, et ils ou elles apprennent l’Anglais. Un jeune n’a pas le statut de réfugié : son origine ne lui donne pas droit à ce papier officiel et il n’a pas droit à une bourse d’études comme les autres, même s’il réussit bien à l’école secondaire.
Nous partageons avec eux la foi qui nous habite, et nous les soutenons dans ce qu’ils font, afin que leur vie porte des fruits de Joie et d’Espérance. Ensemble nous luttons contre l’ennemi que sont le jugement et la peur. Nous voulons devenir des artisans de paix et d’espérance dans nos milieux de vie, en vivant la justice et la réconciliation dans nos petites communautés chrétiennes. À l’écoute de la voix de l’Esprit, nous voulons ouvrir des portes pour répondre aujourd’hui aux cris de l’humanité présente dans ces camps de réfugiés.
« Moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ! » Jn 10,10
