Sr. Magda Orczykowska, Cté d’Ukusijoni – Ouganda
L’Ouganda, comme tous les autres pays, a été très touché par la pandémie de Covid19. Parmi ceux qui ont le plus souffert, on compte environ 15 millions d’enfants et de jeunes qui n’ont pas été scolarisés pendant près de deux ans en raison du confinement strict dû à la pandémie. Comme autres conséquences on note aussi chez les filles un grand nombre de mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes. Le gouvernement a mis en place une politique permettant à tous les jeunes (y compris les femmes enceintes) de retourner à l’école, dès sa réouverture en janvier 2022. L’Eglise ougandaise a vu à quel point les petites filles ont été affectées par le confinement du Covid et les difficultés qu’elles ont rencontrées en matière d’éducation pendant la période post-Covid.
Fin avril 2022, j’ai participé à un atelier intitulé « Education et travail t pour tous : Mesurer l’impact du Covid-19 sur l’éducation des adolescentes », organisé par le Réseau Afrique Foi et Justice, l’Association des Religieux d’Ouganda et le Centre Justice et Paix Jean Paul II.
Parmi les participants qui venaient de différentes régions de l’Ouganda, il y avait des religieuses de diverses congrégations travaillant dans différents ministères et des représentants de la jeunesse. Les deux premiers jours, nous avons été initiés au thème de la justice sociale et avons reçu des directives sur la manière de mener, dans la pratique, un plaidoyer. Après avoir échangé nos expériences et nos opinions, écouté un rapport de recherche et des personnes qui travaillent dans les écoles, nous avons rédigé une lettre de plaidoyer dans laquelle nous recommandions au gouvernement de revoir la politique existante, car elle présente de nombreuses lacunes et ne facilite pas l’éducation des filles devenues enceintes pendant la période de confinement du Covid.
Le dernier jour, tous ensembles, nous nous sommes rendus au Parlement pour lire notre lettre et la déposer dans les bureaux des différentes autorités en charge de l’éducation en Ouganda. Nous avons été très bien accueillis car nous avons entendu dire que les fonctionnaires respectent beaucoup l’Église catholique, en particulier les religieuses. Il était impressionnant de voir un groupe d’environ 40 sœurs portant le voile se diriger vers le Parlement ougandais. Nous avons franchi la première étape de notre plaidoyer, nous attendons maintenant leur réponse.
Une autre chose qui m’a touchée pendant l’atelier est la rencontre avec les personnes qui luttent pour la justice et la paix en Ouganda. Parmi eux, j’ai rencontré Amos, un jeune homme qui, lors du zoom en ligne que j’avais organisé l’année dernière, en collaboration avec Talitha Kum Uganda et Kenya, avait témoigné de son travail avec les enfants des rues de Karamonjong. Il m’a raconté comment l’atelier zoom de l’année dernière l’avait encouragé, lui avait permis d’établir des liens avec les activistes au Kenya et au Royaume-Uni et lui avait donné une grande confiance en lui-même. Aujourd’hui, il est capable d’approcher courageusement n’importe quel policier, un membre du parlement et de faire un plaidoyer efficace pour les enfants des rues victimes de la traite.
L’autre personne que j’ai rencontrée pour la première fois en personne est Joanita, jeune femme survivante de la traite des êtres humains qui a partagé avec nous son témoignage lors du même atelier en ligne l’année dernière. Aujourd’hui, elle est artiste et travaille en étroite collaboration avec le Centre Justice et Paix Jean-Paul II : elle aide d’autres survivants et lutte contre la traite des êtres humains.
Dans notre apostolat parmi les réfugiés du nord de l’Ouganda, nous découvrons de nombreux domaines dans lesquels nous pouvons avoir besoin de défendre les droits des personnes auxquelles nous sommes envoyées. Je suis très heureuse d’avoir acquis des compétences pratiques en matière de plaidoyer