Après avoir passé de longues années en Afrique de l’ouest, et vécu dans plusieurs communautés en France, Marie-Vincente Brouca est maintenant à la maison de retraite St Charles, de Verrières-le-Buisson. Avec des yeux toujours pétillants, elle nous parle de ce que fut sa vie missionnaire au Mali et au Burkina Faso.
Dès mon arrivée à Bamako, je me suis émerveillée de la beauté de la femme malienne ! Dans les années qui ont suivi, j’ai eu la chance de travailler auprès d’elles, dans un centre social, pour le français et pour la broderie. En fait, elles m’ont appris bien plus que je ne savais moi-même. Parmi elles, se côtoyaient des femmes musulmanes, beaucoup plus libres qu’en Afrique du Nord, et quelques femmes chrétiennes.
Ensuite, je fus envoyée dans une congrégation africaine, pour former des jeunes filles à la vie religieuse. Là, bien qu’elles aient seulement quelques rudiments de français, j’ai vu comment elles savaient vivre et s’exprimer, sans parler de leur foi qui m’émerveillait.
Puis je suis partie dans une autre congrégation africaine qui commençait à se former. C’était le moment de la grande famine au Sahel. Je reste encore marquée par le courage de ces femmes pour vivre dans des situations terriblement difficiles, comme cultiver en plein soleil. « On ne sait même pas quand ça va pousser, car on attend la pluie qui ne tombe pas ».
J’ai découvert aussi des familles qui m’ont accueillie avec un respect immense, qui m’invitaient à faire la récolte avec eux, mais qui me faisaient attendre jusque 6 h du soir, avant d’aller les aider, car elles savaient bien que je ne supporterais pas le soleil.
J’ai travaillé avec des communautés chrétiennes vivantes, des gens profondément croyants qui ne craignaient pas de faire des kilomètres à pied, pour venir assister à la messe.
Enfin parmi les jeunes filles, j’en ai rencontré plusieurs pleines de foi, qui voulaient porter l’Évangile à leur peuple, dans les petits villages de la région.
C’est ce qu’elles ont fait, petit à petit, pour arriver à former une congrégation maintenant florissante. Ce sont ces femmes qui aident les autres femmes. Elles les initient non seulement sur le plan religieux, mais aussi à l’enseignement, la tenue d’une maison, et quelques notions sur les soins.
Assurément, elles sont maintenant à leur tour, des femmes du pays auprès de leurs sœurs du pays. C’était bien le désir de notre fondateur, le cardinal Lavigerie, souhaitant que les Africains eux-mêmes, se prennent en charge.
C’est ainsi, dans l’humilité et la confiance, que nous avons vécu notre mission au quotidien.
Marie-Vincente Brouca