Pendant quelques jours en vacances chez des Clarisses, j’ai reçu une demande de mon amie, la mère abbesse :
« Marie-José, j’aurais besoin de toi. Je viens d’avoir un coup de téléphone du Secours Catholique qui va accompagner une jeune fille africaine qui séjournera chez nous un jour ou deux. »
Une jeune africaine arrive. Elle loge dans le même couloir que moi. À un moment donné, je passe devant sa chambre, vois sa porte grande ouverte. Elle est assise sur le lit et fouille dans son sac à dos. À côté d’elle, les draps non dépliés. « Veux-tu que je t’aide ? On va faire le lit ensemble. »
Elle remercie chaleureusement : « Je ne connaissais pas cette méthode de faire le lit ».
Puis elle raconte son histoire : « Je suis orpheline de père et de mère. Je vivais chez mon grand-père, j’allais à l’école jusqu’à ce que mon grand-père décède. Plus personne pour payer. Je me retrouve à la rue. On m’a placée dans un établissement. Chez nous, on dit aux enfants sorciers de se faire guérir par une certaine église. Moi, je veux rester catholique. Un jour, dans cet établissement, est arrivée une femme qui a déclaré : « Je veux t’aider et trouver une solution pour que tu sortes d’ici. » Elle est revenue avec un passeport. Nous avons pris l’avion. Je savais qu’à Paris il y avait la Tour Eiffel, mais en arrivant, je ne l’ai pas vue. Cette femme m’a dit : « Donne-moi ton passeport, je vais aller t’acheter de quoi manger. » Elle n’est jamais revenue. J’ai dormi dans la rue.
Je lui ai demandé si elle été gênée par quelqu’un ?
« Non. J’ai été protégée par une vieille alcoolique qui menaçait les jeunes gens avec sa bouteille. Puis j’ai demandé à quelqu’un qui avait un téléphone s’il pouvait contacter des associations. C’est comme cela que le Secours Catholique m’a recueillie. »
Je lui ai demandé : « Maintenant, sais-tu où tu es » ?
« Je ne sais pas, je ne vois toujours pas la Tour Eiffel ! Je me sens bien avec toi parce que tu me comprends. Personne ne m’explique où je suis. »
Je pense alors à Françoise Loran, qui est avec moi dans ce séjour. Ayant travaillé avec les migrants mineurs, elle pourra lui expliquer la procédure d’aide à demander.
« Maintenant, je sais que je suis en sécurité avec vous et le Secours Catholique. Quand on va me donner un téléphone, tu seras la première que je vais appeler car c’est toi la première qui m’as encouragée. »
Elle va suivre la classe de 3ème. La semaine dernière, elle me téléphonait : – « Comment allez-vous ? C’est à moi de prendre soin de vous (elle me voit maintenant comme une grand-mère). Je compte sur votre prière, tous les jours, ma sœur ! »
Et moi aussi, tous les jours, je prie pour toi. Pour moi, tu n’as jamais été une étrangère.
Bonne Nouvelle du « donner-recevoir » !
Sœur Marie-José Blain de la communauté de Marseille