La matinée a commencé avec une prière d’action de grâces pour tout ce que nous avions vécu la veille. Nous avons pu exprimer notre joie à travers des chants et des danses, nous donnant la main pour former un cercle-communauté, débordant d’énergie. Cette énergie a porté les capitulantes tout au long de la journée.
L’expérience de la veille nous a prouvé que lorsque nous disons les choses en vérité, la réconciliation est possible. La prise de conscience des blessures personnelles peut être guérie lorsque chacune parle en vérité. Au fur et à mesure que nous avançons, des transformations se produisent. Ce que nous avons appris hier peut nous aider à rendre nos orientations plus concrètes. Richard Rohr nous dit que « notre guérison et notre maturation commencent toujours par la reconnaissance de ce qui est là »… et de ce que « je » et « nous » avons expérimenté.
La veille, les communautés du papillon monarque et de la mangue avaient travaillé ensemble pour unifier le document que chacune avait rédigé, et elles ont produit un très bon document. Cette expérience nous a appris qu’une collaboration durable et fructueuse apporte un nouveau récit qui signifie expansion et extension. Nous avons examiné les enseignements tirés de cette expérience pour voir ce que pourrait signifier approfondir notre charisme en collaborant avec d’autres.
Le papillon monarque pollinise le manguier pour qu’il puisse produire de belles mangues ; il dépose ses œufs sous les feuilles pour que, lorsque les cocons s’ouvrent, les papillons puissent manger les feuilles du manguier et grandir. Le but ultime de la mangue est de donner des mangues douces, et celui des papillons est de se reproduire. Les deux bénéficient donc de cette collaboration. Le manguier a besoin du papillon autant que le papillon a besoin du manguier. Ils ont des rôles différents, mais aucun n’est supérieur à l’autre. Ils sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre pour poursuivre le cercle de la vie. C’est l’un des nombreux exemples de collaboration bénéfique, appelée symbiose, que nous offre la nature. Mon besoin de toi n’est pas plus grand que le tien pour moi. C’est l’ubuntu : « Je suis parce que tu es ».
Les araignées tissent des toiles souples et solides en tissant les fils de soie en spirale. Elles commencent à tisser les fils à partir du centre pour que la toile supporte, et le poids de la toile et tout ce qui s’y pose. Lorsqu’une partie de la toile d’araignée est détruite, elles la refont encore et encore… Ces toiles sont fabriquées de manière à permettre non seulement de capturer des proies, mais aussi de conserver leur intégrité structurelle, car la toile doit résister à la pression exercée par l’atterrissage des insectes, à la pression qu’ils exercent pour s’en échapper, et à celle des éléments naturels.
Pendant la prière du matin, lorsque la diapositive du papillon monarque sur le manguier est apparue, une minuscule araignée se déplaçait sur l’écran pour nous dire quelque chose au sujet de notre mission…
La nouveauté dans ce chapitre est que l’expérience des capitulantes est utilisée comme ressource. En voyant ce nouveau récit en formation, nous constatons que nous faisons confiance au processus naturel, à l’interconnexion, à la normalisation du chaos et de la confusion, au sentiment de sécurité et de protection, au recyclage de tout, à l’apprentissage de notre passé, au suivi de l’énergie, au changement de perspective. Nous honorons la démocratie profonde en nous appuyant sur notre imagination, en nous ancrant dans l’au-delà et l’en-deçà, et en activant le moment présent.
Dans l’après-midi, l’équipe du Conseil Général des Missionnaires d’Afrique est venue rendre visite aux capitulantes. Les deux Congrégations d’hommes et de femmes ont le même fondateur, le Cardinal Lavigerie, qui nous a donné le même charisme missionnaire. Les deux équipes générales ont très bien collaboré lors de l’organisation et les célébrations du 150e anniversaire des deux instituts. Plusieurs exemples de cette belle collaboration entre les deux instituts en sont témoins : parmi eux citons l’ouverture de la communauté d’Ukusijoni au service des réfugiés du Sud Soudan dans le nord de l’Ouganda, où sœurs, frères et pères ont un projet apostolique commun, ainsi que l’excellent travail mené en commun au sein de JPIC-ED depuis quelques années. Lors de leur visite, nos frères nous ont invitées à collaborer avec eux dans un futur projet « d’élargissement de notre tente ». Un dialogue très fraternel, en vérité, s’en est suivi.
En conclusion, le père Dave a mentionné que dans notre dialogue profond, nous avions parlé de la création d’une culture de collaboration, où l’Esprit du Seigneur est à l’œuvre. Il a comparé cette collaboration aux « grand be », ces bicyclettes équipées d’une roue avant de très grand diamètre et d’une roue arrière beaucoup plus petite, qui ont précédé la bicyclette à deux roues égales. L’esprit de collaboration dont nous parlons est une collaboration entre égaux ayant des fonctions et des dons différents, mais qui sont frères et sœurs, enfants du même Dieu.