La prière avait pour thème « nous sommes l’argile entre les mains du maître ; à nous de nous laisser modeler et façonner pour devenir capables de répondre aux besoins de ceux et celles à qui Il nous envoie ». Il nous a choisies bien que nous soyons brisées et vulnérables, afin que nous puissions reverser sur les autres ce qu’Il déverse en nous.
Comment libérer notre puissance positive
Nous remercions le Seigneur pour notre expérience de vie ; c’est là que notre espace intérieur s’ouvre à la transformation pour nous et pour toute l’humanité. L’Esprit Saint, avec notre participation, modifie notre conscience et crée un nouveau récit en nous.
Lorsque nous n’avons pas fait l’expérience du « pouvoir intérieur » que Dieu nous a donné, ou que nous ne lui faisons pas confiance, nous avons peur du pouvoir ou bien, nous l’exerçons trop sur les autres. Les structures durables du « pouvoir sur », comme le patriarcat, la suprématie blanche et le capitalisme rigide, ont limité le pouvoir de la plupart des individus pendant si longtemps qu’il est difficile d’imaginer une autre voie. Ce n’est que très progressivement que la conscience humaine en est venue à une utilisation désintéressée du pouvoir, au partage du pouvoir. Le bon pouvoir se révèle dans les « hiérarchies de croissance », qui aident les gens à actualiser leur potentiel et sont une source d’inspiration. Ce pouvoir positif ou ces « hiérarchies de croissance » créent un environnement dans lequel les gens trouvent un sens, un but et une identité et sont incités à donner le meilleur d’eux-mêmes. Le mauvais pouvoir consiste en des « hiérarchies de domination » dans lesquelles le pouvoir est utilisé uniquement pour se protéger, se maintenir, et se promouvoir soi-même et son groupe au détriment des autres. Les hiérarchies ne sont pas mauvaises en soi, mais si nous n’avons pas fait un travail spirituel intérieur, elles sont très dangereuses pour nous-mêmes et pour les autres.
L’une des idées maîtresses de la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse, est sa critique très directe des abus de pouvoir. Dès le début, la Bible met à mal le pouvoir de domination et nous enseigne un autre type de pouvoir : l’impuissance elle-même. Dieu utilise des personnages improbables qui, d’une manière ou d’une autre, sont toujours ineptes, mal préparés et incapables – impuissants d’une certaine manière. La Bible privilégie l’attitude spirituelle de ceux qui choisissent « d’être en bas », mis de côté ou à d’être à l’extérieur. C’est pourquoi la Bible est révolutionnaire et même subversive. Les « petits » ou les « pauvres en esprit », comme les appelle Jésus, sont, selon lui, les seuls qui peuvent recevoir un enseignement et grandir. L’impuissance semble être le point de départ de Dieu. Tant que nous n’admettons pas que « nous sommes impuissants », le véritable pouvoir ne sera pas reconnu, accepté, ni même recherché ». (Richard Rohr).
Au cours de notre vie, nous intériorisons de nombreuses histoires. Certaines d’entre elles agissent comme des miroirs déformants, nous donnant une image faussée de notre propre identité. Souvent, les histoires les plus déformées nous sont racontées par nos proches. Jung a appelé « mythe personnel » une constellation de croyances, de sentiments, d’images et de règles – opérant largement en dehors de la conscience – qui interprète les sensations, construit de nouvelles explications et dirige le comportement. Les récits de guérison que nous intériorisons nous relient à ce que nous sommes authentiquement. Faire le tri dans les messages et les récits reçus sur nos vies, pour parvenir aux récits qui sont vrais et qui donnent la vie, demande de l’énergie et du temps et implique d’accepter des parties de notre propre histoire que nous pourrions trouver difficiles. Il se peut que nous devions faire face à des sentiments de honte, de solitude, de peur ou de douleur, et accepter d’être à la fois médiocre et unique. Il se peut que nous devions nous débarrasser d’un grand nombre d’éléments et d’histoires que les autres nous ont transmises et que nous nous sommes appropriées. Le « mythe de la vie » décrit un modèle de développement personnel tout au long de la vie… Nous pouvons décider de travailler avec un mythe de la vie de manière consciente et créative au lieu d’être inconsciemment poussés par lui. Nous comprenons qui nous sommes vraiment, en connaissant notre histoire profonde, ou « mythe personnel ». Découvrir le mythe organisationnel ainsi que le mythe personnel, n’est pas évident et peut demander bien des efforts et de la perspicacité.
Nous appelons « éléphant dans la pièce », un problème majeur, une question controversée ou une situation difficile qui est manifestement présente mais que l’on évite de considérer comme sujet de discussion. L’énergie de l’éléphant dans la pièce peut paralyser toute organisation. Ignorer l’éléphant crée une menace dans le cerveau, alors que reconnaître la contrariété apaise le cerveau. Il est donc préférable de reconnaître le problème, de proposer calmement un moyen d’y remédier avant de passer à autre chose.
Sr Carmen Sammut a ensuite présenté l’analyse des réponses à l’enquête sur les structures des SMNDA faite, à la demande du Conseil Général, par Mme Nicole Moran. Un grand nombre de sœurs y ont répondu. Cette présentation nous a amené à une réflexion sur les relations et les structures de la Congrégation.
Comme les relations et le monde sont tous deux des aspects du même processus communautaire, nous avons examiné notre réalité et le processus que nous devons suivre pour faire face à « l’éléphant dans la pièce » dans les structures des SMNDA, afin de changer nos perspectives et de vivre une véritable transformation.
Pour pouvoir marcher sans crainte, nous devons faire face à la résistance au changement et savoir que nous sommes confrontées à un mode de fonctionnement présent dans l’Église et dans le monde. Une sœur a témoigné de son expérience de transformation, de sa prise de conscience de l’impact de certains aspects de sa culture sur son comportement. A l’aide d’un coach, elle a pu transformer cette force négative en un pouvoir personnel d’aimer d’une manière appropriée. À travers son expérience, nous avons vu le processus de transformation personnelle : assumer la responsabilité personnelle, accepter les soins et l’accompagnement, vivre l’interconnexion au lieu de la codépendance, prendre le temps du discernement, reconnaître ses défauts, prendre des décisions importantes, guérir et se réconcilier, enfin demander pardon. Être témoin de la liberté née d’avoir pu dire ce que l’on a à dire, a aidé le groupe à progresser sur la voie de la transformation.
Après le partage sur les structures, les différents groupes-communautés, utilisant l’écoute profonde des conversations spirituelles, ont travaillé sur ce thème. Cette écoute invite à garder le silence pendant que chaque personne parle et à respecter un temps de silence ensuite. Lorsque le tour est terminé, une deuxième personne peut prendre la parole et relever ce qui, dans ce qu’elle a entendu, est significatif pour elle. Ce n’est qu’à la fin de ce deuxième tour, qu’on peut entamer une discussion.
Dans son mot en fin de journée, le père Dave nous a rappelé qu’aujourd’hui nous avons parlé à deux niveaux : le niveau du changement des structures et le niveau plus profond de la transformation. L’expérience partagée du matin nous a montré que le Christ, par l’intermédiaire des coachs, a aidé une sœur qui témoignait à se tenir droite, sans regarder vers le bas. Tel est l’Évangile. C’est ce que Jésus est venu faire, en particulier dans ses relations avec les femmes. Il a permis aux femmes de se tenir droites, en laissant tomber les fardeaux qu’elles portaient. S’adressant à nous, le Père Dave nous a exhortées, à être des femmes apôtres, libérées par Dieu pour aider nos frères et sœurs à se tenir droits.