« Le oui de Marie a suscité le premier « Je vous salue Marie »
C’est avec ce mot que le père Pierre Tequi a introduit l’Eucharistie du jour de la fête de la Visitation dans notre « paroisse cathédrale » de Ghardaïa, où tout notre secteur centre était réuni pour notre dernière Eucharistie en compagnie de soeur Maria Angeles, de Pierre Tequi (Fidei Donum français) et de Claude Venne (Missionnaire d’Afrique) à qui nous disions au revoir ce jour-là.
Marie, en allant avec empressement rencontrer sa cousine Elisabeth, ne savait pas d’avance ce que Dieu allait lui révéler à la rencontre de cette femme qui, malgré son âge avancé, a vu elle aussi les merveilles de Dieu.
« Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi ? »
Oui, quand nous sommes venues dans ce pays, dans cette région, nous ne savions pas d’avance tout ce que Dieu allait nous révéler sur Lui, sur nous-même et sur ces merveilleuses personnes qui nous ont accueillies dans ce désert et qui ont rendu possible notre identité d’apôtres et de missionnaires.
C’est avec un cœur plein d’action de grâce que sœur Maria Angeles nous a partagé son expérience d’apôtre dans cette ville de Ghardaïa où au départ tout lui posait question
« Comment cela se fera-il puisque la plupart des choses sont interdites ? : Interdit de saluer les hommes…interdit de saluer les femmes à haute voix dans la rue et de prononcer leur noms, interdit d’embrasser les enfants, de les caresser… Quelle vie pleine d’interdits ? … »
Et pourtant Maria Angeles y a vécu huit ans où chaque jour avait son lot de bonheur, chaque jour était un jour de grand rendez-vous du donner et du recevoir la vie.
Pour les enfants des migrants, Maria Angeles était la seule vraie grand-mère qui les visitait, et qui accompagnait avec compassion leurs mamans à l’hôpital et/ou à la maternité pour la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur.
Pour les prisonniers, Maria Angeles était « Mama », la seule maman qui pouvait, en bravant le froid de l’hiver et les grosses chaleurs de l’été, aller réellement les voir, leur parler, les embrasser, prier avec et pour eux, plaider pour leurs causes auprès du directeur de la prison et de Dieu.
« Je suis venue en prison visiter les brigands, les criminels selon le dire des gens…mais en vérité, j’ai rencontré des frères, des hommes et des femmes qui ont fait l’expérience de la place et de la valeur de Dieu dans leur vie, des hommes et des femmes qui ont appris à faire la différence entre un homme vivant et un mort. « C’est la foi, l’espérance qui me différencie d’une personne morte » disait un frère la veille de sa sortie après dix ans de prison.
Oui, le métier de sage-femme n’a pas de retraite, ni de pension, surtout quand on sait joindre le cœur à ce que l’on voit, à la misère de l’autre, on peut toujours être là pour aider à donner la vie, à favoriser la vie.
Oui, Maria Angeles a été une sage-femme aussi pour notre communauté de Ghardaïa, combien de fois nous lui avons répété « Maria nous t’aimons beaucoup. »
Oui, aimons-nous vivantes. Maria a donné beaucoup de vie à notre vie communautaire.
Nous continuons à t’aimer même à distance, Maria Angeles, notre chère grande sœur que Dieu nous a donnée.