Sculpter, c’est penser avec son cœur et parler avec ses mains. J’avoue que c’est un exercice qui entraîne beaucoup de sueur…
Mais cet exercice nous montre combien il est vital d’aller jusqu’au bout de son existence ; de la même façon l’artiste sculpteur prend tout son temps pour aller jusqu’au bout et donner vie à son œuvre.
Je suis née en Dordogne (France) en 1934. En juillet 1956, je faisais mes premiers pas dans la congrégation des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique. J’ai été envoyée en Afrique où j’ai eu différentes activités. Depuis que je suis à la retraite, je peux pratiquer l’art de la sculpture.
Dans ma vie missionnaire, j’ai pu remplir plusieurs services, grâce à ma formation en autodidacte ; c’est sûrement un don du ciel, le plus beau des cadeaux. J’ai pu ainsi répondre à différents appels au sein de ma famille religieuse.
En Algérie, j’ai donné un enseignement ménager à des jeunes filles, travaillé avec elles dans l’artisanat de la broderie. J’ai participé à un travail d’éducation et d’accompagnement dans la Cité des enfants abandonnés à Alger. A l’hôpital Ben Aknoun, j’ai partagé mes dons dans le service d’ergothérapie et dans l’animation des loisirs.
Après cette période algéroise, je suis partie pendant six ans en France, ce qui m’a permis d’être travailleuse familiale en milieu maghrébin.
Puis c’est en Tunisie que j’ai été envoyée. J’ai alors collaboré avec une de nos sœurs, Kordula, dans un bureau pédagogique. Il s’agissait de former des éducatrices pour jeunes enfants dans la pratique des travaux manuels.
Ce qui m’a le plus marquée dans ma vie religieuse missionnaire, c’est de pouvoir partager ma vie avec un peuple de croyance et de culture différentes des miennes. J’ai connu la joie du donner et du recevoir qui, pour moi, ne sont pas séparables ; il n’y a pas de sens unique dans le partage !
Maintenant, ayant atteint l’âge de la retraite, je suis en France. Je vis ici mon engagement religieux missionnaire différemment mais tout aussi intensément. La flamme qui m’habite n’a pas vacillé !
Je vis en intériorité, dans une certaine solitude que j’affectionne. Cela peut paraître paradoxal, mais non. Une certaine solitude est nécessaire pour y puiser l’intériorité qui accompagne notre action.
Je rends des services dans ma communauté ; mais en même temps, je suis dans l’action de grâce car il m’est accordé de réaliser un profond désir, pratiquer l’art de la sculpture.
Soeur Magali Thomasset, communauté de Sceaux, France