La spiritualité bretonne a vénéré au cours des siècles des personnalités bretonnes ayant eu une vie exemplaire d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église, mais elles ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. A partir de 2021 une autre statuette s’est ajoutée à cette démonstration d’ancienne spiritualité populaire, celle de notre Vénérée Mère Marie Salomé, qui a été portée en pèlerinage par Danielle Burthier et 3 laïcs de la famille Lavigerie.
Un article de Danielle va suivre dans Partage Trente Aprile pour nous partager les détails de cette expérience.
Les sept saints fondateurs sont traditionnellement réputés, selon une construction littéraire et hagiographique tardive forgée à partir du XIème siècle, celle d’avoir fondé les sept évêchés qui existaient au Haut Moyen Âge. Du fait de leur antériorité à toute procédure canonique, ces saints n’ont pas fait l’objet d’une reconnaissance officielle par l’Église catholique mais sont célébrés chaque année dans le Tro Breiz (qui en breton signifie « tour de Bretagne »), un pèlerinage catholique qui relie les villes des sept saints fondateurs de la Bretagne. Les autres saints bretons sont saints par la vox populi. La plupart de ces saints seraient tombés dans l’oubli si la persistance du culte des fontaines n’avait lié leur souvenir à la vertu bienfaisante des eaux ou si la tradition n’en avait fait des thaumaturges ou des guérisseurs ; des récits légendaires ont aussi contribué à en perpétuer le souvenir.
Dans cette tradition spirituelle, la paroisse de Plouguerneau, qui a suscité cent ordinations de prêtres entre 1803 et 1964, conserve des statuettes en bois polychrome montées sur un bâton, appelées Petits Saints. Elles datent du XVIIème siècle et sont destinées à être portées au cours de processions.
Le chanoine Paul Peyron décrit ainsi cette tradition en 1912 : « Les saints (…) sont de jolies statuettes en bois d’un pied de haut, supportées par un piédestal emmanché dans une hampe en bois, ce qui permet à une seule personne de porter le saint. Le dimanche qui précède la procession, au prône de la grand’messe, l’honneur de porter les saints est mis aux enchères ; quand la récolte est menacée, saint Fiacre et saint Isidore sont les plus demandés, en temps d’épidémie, c’est saint Sébastien ou saint Roch ; le plus souvent, c’est son saint patron que l’on veut honorer, et cette sorte d’adjudication n’est en somme qu’une offrande faite à l’église sous cette forme originale »
La coutume des Petits Saints remonte, selon la tradition, à une épidémie de peste qui sévit dans le pays vers 1640. Le vœu émis à cette occasion incluait trois processions annuelles : le jour de l’Ascension, le dimanche qui suivait cette fête et le lundi de Pentecôte, selon des itinéraires différents. Depuis 1996, la procession des Petits Saints a retrouvé une nouvelle jeunesse et se déroule le 15 août, où après la messe de 10 h 30 sur le parvis de l’église Notre-Dame du Grouanec, une marche s’élance vers la chapelle Saint-Claude, passe par Sainte-Anne, Saint-Laurent, le site médiéval d’Iliz Coz et parvient à Saint-Michel vers 17 h.