Le 7 décembre 2021, Sr. Maria Carmen a célébré 25 ans d’engagement missionnaire parmi les sœurs, les familles et les amis. Le lendemain, les célébrations se sont poursuivies avec nos frères les Missionnaires d’Afrique, le P. Stephen Ofonikott, P. Stanley Lubungo, P. Stéphane Joulain qui a également fêté ses 25 ans d’engagement par son serment missionnaire.
La cérémonie présidée par Mgr Claude Rault s’est déroulée à la Maison Généralice.
Voici un extrait d’un article sur Sharing Trenta Aprile que Maria Carmen a eu la gentillesse de partager avec nous.
L’histoire de ma vocation commence par une expérience spirituelle, avec la Parole de Dieu à Abraham en Genèse 12 : ‘Quitte ton pays natal et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai’. Depuis lors, c’est un voyage où les verbes « partir », « aller » et « montrer » ont une place essentielle dans mon expérience de vie.
PARTIR : J’ai toujours trouvé cela difficile et douloureux, car cela signifiait devoir dire au revoir, se séparer de personnes et de lieux qui m’étaient chers, qui avaient une place importante dans ma vie.
ALLER : Pour moi, cela a signifié me rendre disponible, m’aventurer dans l’inconnu, écouter, poser des questions, me laisser aider, oser, prendre des risques. Parce que la terre que je devais trouver n’était pas forcément celle où je voulais aller, mais un lieu que Celui qui m’avait appelé m’indiquait.
MONTRER : Cela impliquait un processus de recherche sur une carte routière qui n’était pas aussi claire et simple que « Google maps ». Il fallait percevoir des signes, des indications sur la route à suivre. Parfois, l’itinéraire semblait direct et parfois il fallait faire des détours pour arriver au but.
En allant un peu plus loin dans cette relation spirituelle, une autre parole de Dieu, cette fois adressée au prophète Jérémie, est devenue très actuelle dans ma vie (Jérémie 18). ‘Descends à la maison du potier, et là je te ferai entendre ma parole. Je suis descendu au moment où le potier travaillait au tour. Je vis que lorsque le vase de terre qu’il tournait était manqué, il se mettait à en faire un autre, tel que le potier voulait qu’il soit.’
J’ai commencé à me voir comme un vase ; parfois tout petit devant le grand « Potier », beau, bien qu’incomplet … avec beaucoup d’amour et d’humour, le professeur me rappelait que la perfection n’est pas de ce monde et que dans ma beauté il y aurait toujours des fissures qui faisaient partie de mon être.
Quelques années plus tard, par l’intermédiaire d’une personne qui me connaît bien, j’ai découvert l’art japonais du Kintsugi, également considéré comme un art de « l’acceptation des dégâts ». Il consiste à réparer les fissures d’une œuvre d’art avec un mélange composé de laque de résine, de poudre d’or, d’argent et de bronze. Les fissures sont réparées sans chercher à les cacher, en les intégrant à l’histoire de l’objet. En d’autres termes, les blessures ne doivent pas être cachées, elles ne doivent pas non plus nous faire honte, mais au contraire, les mettre en évidence nous rendra plus fort.
Pour m’aider à comprendre ce qu’il voulait de moi dans les terres où il me conduisait, il s’est directement servi de son Fils, Jésus de Nazareth, à travers sa parole en Luc 4 : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a consacré par l’onction pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux prisonniers la liberté et aux aveugles le recouvrement de la vue, libérer les opprimés, proclamer une année de faveur du Seigneur.’
Pour me le faire voir de manière plus précise, il m’a « envoyé » un article d’Edwina Gately intitulé ‘Ministère aux périphéries’ qui a, sans aucun doute, marqué mon ministère apostolique durant toutes ces années. C’était toujours une invitation à aller à la rencontre de personnes en situation de grande exclusion sociale … Il s’agissait d’aller de l’avant avec le désir d’établir des contacts, d’apprendre à se connaître, de créer une confiance mutuelle « en étant », avec des actions concrètes qui répondent à certains de leurs besoins.
Ce chemin je ne l’ai pas parcouru seule, mais en compagnie et avec le soutien de nombreuses personnes: celui de ma famille en premier lieu, puisqu’elle a accepté et continue d’accepter que je « quitte la maison de mon père » ; celui de chacune des sœurs avec lesquelles j’ai vécu dans les différentes communautés où j’ai été envoyée, de toutes celles que j’ai rencontrées au fil des ans ; celle des amis que j’ai eu le privilège de connaître. … Je ne peux rien dire de plus, si ce n’est merci à la vie et merci au Seigneur qui m’a tant donné.
Sr Maria Carmen Ocón Moreno, Rome, le 7 décembre 2021