Notre sœur Nicole Robion, de la Communauté de Sceaux, France, partage son apostolat avec les femmes migrantes.
En 2012, la CORREF (Conférence religieux/ses de France) cherchait des bénévoles pour l’Association des « Champs de Booz », créée en 2003 pour le soutien et l’accompagnement de femmes seules, demandeuses d’asile. Ce fut le coup de cœur pour moi qui cherchais une activité à mon retour définitif en France car la moitié des femmes s’adressant aux Champs de Booz vient d’Afrique subsaharienne. Pas de plus grand bonheur que de rester en contact étroit avec l’Afrique !
En 2017, le chapitre en précisant qu’une des orientations apostoliques est l’accompagnement aux migrants, me fait ressentir joie et confirmation de l’appel perçu à mon arrivée en France.
Porteuse d’espérance, le Seigneur me donne de l’être et ce sont les femmes qui me le disent par un visage tout illuminé lorsque je les salue dans leur langue, en dioula ou en peul ! Le seul mot que je connaisse en lingala, c’est « M’boté », mais le grand sourire qui leur vient est si réconfortant pour elles et pour moi !
La Parole de Dieu qui me nourrit pour qu’elles retrouvent confiance en elles, qu’elles osent exprimer leur rêve et qu’elles puissent commencer une insertion réussie, c’est « Lève-toi et marche ! »
La porte ouverte, c’est celle de la joie de faire équipe avec la dizaine d’autres bénévoles. Quatre religieuses, huit laïcs, tous animés de la même passion. C’est la joie de découvrir que les valeurs d’évangile sont vécues par ces bénévoles alors que la minorité se dit catholique. L’une a demandé que l’on retire son acte de baptême, une autre est juive, plusieurs autres agnostiques, mais tous veulent donner plus de vie à ces femmes !
Un jour, les chrétiens d’une paroisse voisine, ont invité toutes ces femmes, et ce fut vraiment une journée émouvante.
En voici quelques témoignages.
« C’est la plus belle journée de ma vie en France. J’étais la personne déléguée pour porter la croix ! En ce jour de fête, j’ai demandé de bloquer tous les obstacles rencontrés. » Chrétienne, cette femme d’Afrique subsaharienne qui a galéré de nombreuses années avant d’obtenir son statut de réfugiée, avait été choisie pour porter la croix en tête de la procession d’entrée de la messe du Christ Roi. Elle ne cesse de dire : « Champs de Booz, vous êtes ma famille »
Une femme musulmane nous a fait part de son ressenti : « C’est la première fois que j’entrais dans une église. Ça m’a vraiment touchée. On était dans une sorte de communion des cœurs, des esprits. On prie le même Dieu, il est l’unique. J’ai demandé de pouvoir retrouver mes enfants et qu’il y ait la paix partout dans le monde. »
Une autre femme Ukrainienne nous a confié : « J’aime la prière dans l’église. Dans mon pays, il y a la guerre. J’ai demandé au Seigneur de protéger ma famille. »
Une musulmane Syrienne a commenté : « Magnifique journée ! C’est la première fois que j’entrais dans une église, je suis contente. J’écoute la chanson, j’aime la musique. »
Le repas a été un fort moment de partage à tous niveaux. Combien a été appréciée la cuisine des femmes préparée la veille, dans la cuisine du presbytère, avec les plats traditionnels du Sénégal, de la Syrie, de la Guinée, du Tibet et de l’Ukraine. Une autre délicatesse fut de voir plusieurs femmes apporter de la boisson traditionnelle qu’elles avaient préparée chez elles. Il était bon leur bissap !
J’ai aimé le partage avec mes deux voisines de table, commentant la façon dont elles vivent leur colocation avec une autre femme des Champs de Booz.
Une femme Sénégalaise qui loge avec une Syrienne : « C’est une richesse. On apprend avec l’autre, différent par sa façon de vivre, d’être, de manger. On a tout à recevoir. C’est un bonus pour moi. »
Une Guinéenne qui loge avec une femme Tibétaine : « Je suis avec des personnes d’autres cultures, mais le savoir vivre, c’est le même. La vie, c’est ça. Je ne suis jamais restée seule dans le logement. »
Merci à chacune de vous, femmes, si confiantes en la vie, et en Dieu !
Nicole Robion, Communauté de Sceaux