Message de Noël du Conseil Général
Dans la contemplation de l’Incarnation, saint Ignace nous invite à considérer le monde (Ex. spir. No 101 et sv.). Il nous est demandé de voir
ce monde comme Dieu le voit, le connaît et l’aime, avec toute sa beauté et sa réalité douloureuse et vulnérable, « toutes les nations en grande cécité descendant vers la mort et l’enfer ».
Aujourd’hui, nous constatons avec douleur la manière dont la terre et toute l’humanité crient, en particulier les victimes les plus pauvres de la guerre, le changement climatique et le système économique qui creuse un fossé de plus en plus grand entre les riches et les pauvres.
Dieu ne reste pas indifférent à la réalité humaine ; la Trinité contemple et décide d’envoyer la deuxième Personne qui doit devenir un homme pour sauver l’humanité. Dans sa décision de s’incarner dans notre humanité, nous touchons la profondeur de sa miséricorde aimante. Dieu vient à nous dans notre misère et nos besoins avec vérité et amour.
« Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2,10-11).
En contemplant la représentation de la naissance de notre Sauveur, avec la Vierge Marie, saint Joseph, les bergers et les Mages venus d’Orient pour lui rendre hommage, nous pouvons constater que hommes et femmes, riches et pauvres, Blancs et Noirs, sont tous autour de lui. Depuis sa naissance, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, nous révèle que toute personne humaine est désirée et aimée par lui de toute éternité. En lui, nous pouvons découvrir le chemin d’une nouvelle humanité et d’une nouvelle création. À la rencontre de Jésus, chaque personne trouve son propre chemin de transformation. À la rencontre de Jésus, chacune d’entre nous peut faire l’expérience d’un bouleversement et d’un chaos, parce qu’en lui un nouvel ordre commence dans le parcours de conversion que chacune d’entre nous se sent appelée à vivre en réponse à l’amour débordant de son propre être.
Regardons comment l’amour de Dieu a transformé et bouleversé la vie des personnages de la crèche. La même dynamique de transformation se retrouve tout au long des Évangiles.
L’amour de Dieu est transformateur et débordant à partir du moment où il a posé son regard sur une petite jeune femme inconnue de Nazareth appelée Marie, née dans un contexte où les femmes ne comptaient pas. Mais en Dieu, elle est devenue pleine de grâce, mère de Dieu, mère de l’Église et de l’humanité. Elle est notre mère qui peut nous apprendre à écouter profondément, à dialoguer et à être disposées à dire notre « fiat » aux choses impossibles que Dieu fait.
L’amour de Dieu était transformateur et bouleversant dans la vie de saint Joseph, car lorsqu’il apprit que la Vierge Marie était enceinte sans avoir vécu ensemble, comme il était un homme juste et qu’il connaissait le danger pour Marie d’être lapidée s’il la dénonçait publiquement, il prit la résolution de répudier Marie sans bruit. Voici que l’Ange du Seigneur vint à lui en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint… » (Mt 1,20) Lorsque Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange lui avait dit. Ses projets ont été bouleversés, et il est devenu l’époux de Marie et le père adoptif de notre Seigneur.
L’amour de Dieu est transformateur et bouleversant, car en lui les pauvres retrouvent leur dignité humaine, les captifs sont libérés et les aveugles retrouvent la vue. Les personnes « sans pouvoir », les exclus et les malades sont guéris et réintégrés dans la société. Le salut pour eux vient de leur endurance, de leur fidélité à croire que Dieu les délivrera par la résurrection.
L’amour de Dieu est transformateur et bouleversant parce qu’en lui, les puissants et les riches sont appelés à abandonner leur richesse et leur pouvoir, les invitant à prendre leur croix et à le suivre. Jésus leur enseigne que le pouvoir est à vivre dans un esprit de service et que la richesse est à partager avec les plus pauvres.
L’amour de Dieu est transformateur et bouleversant, car aujourd’hui un nouveau souffle de l’Esprit est à l’oeuvre dans l’Église, où tous les baptisés sont appelés à marcher ensemble dans un esprit synodal de communion, de participation et de mission. Toute personne est importante, et nous sommes appelées à écouter la voix des pauvres, la voix de chaque personne qui mérite d’être reconnue dans son unicité en tant qu’expression de la bonté de Dieu. Nous sommes appelées à écouter les cris de la terre et à faire tout notre possible pour protéger notre maison commune. Le jardin d’Éden que Dieu nous a confié est en train de mourir à cause de l’activité humaine.
Écoutons les paroles de l’Ange du Seigneur aux bergers : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur… » (Lc 2, 10)
N’ayons pas peur d’aller à la rencontre de l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, et laissons-le nous dire son amour infini pour chacune et chacun d’entre nous. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Ne craignons pas d’entrer dans le processus de transformation, n’ayons pas peur de nous laisser bouleverser pour participer à la nouvelle création, où chacun est frère et soeur en humanité, où la diversité n’est pas perçue comme une menace, mais comme une richesse. L’Emmanuel, Dieu-avec-nous, est notre joie et la joie de tous nos peuples.
« Suivons l’exemple des Mages qui ne renoncent pas à leur voyage dès que l’étoile disparaît, mais qui entrent résolument à Jérusalem, avec l’assurance que Dieu qui les a amenés jusque-là, saura bien les faire arriver au but » (Pensées de Mère Marie-Salomé, N° 635).
Que notre oui pour cheminer ensemble soit comme celui de Marie avec patience et confiance en Dieu. Joyeux Noël et Heureuse Année 2024 !
Vos sœurs du Conseil général
Angela Kapitingana
Jeanne d’Arc Ouattara
Leticia Garduño
Małgorzata Popławska