Un partage de Sr Margaret Kibola, à Ouagadougou, Burkina Faso
Vous nous avez aidé à grandir.
Cette vigoureuse déclaration fut prononcée par notre première promotion de collégiens finalistes 2020 de l’école Catholique Romaine St. Charles Lwanga pour exprimer leur gratitude à mon égard, et pour dire ce que j’avais été pour eux, élèves de cette école. Ils ont été sous notre responsabilité pendant 11 ans : 2 ans de maternelle, 6 ans de primaire et 3 ans de collège. Ce groupe a terminé avec succès ses études au Lycée en 2023 et poursuit des études supérieures.
J’ai été missionnaire au Ghana pendant 18 ans. J’ai enseigné à l’école primaire de Sorugu pendant cinq ans et j’ai été directrice de l’école St. Charles Lwanga pendant 13 ans. J’ai réalisé que tout était possible grâce au soutien et à la collaboration de nombreuses personnes.
La semence de Dieu en moi a grandi grâce à la grande attention de Jésus, de mes sœurs en communauté, de ma famille, de mes amis, des enfants et de tous ceux avec qui je travaillais chaque jour. Mon engagement dans mes responsabilités quotidiennes a été nourri par la prière personnelle et communautaire, l’eucharistie et d’autres exercices spirituels qui m’ont aidée à
trouver Dieu en toutes choses et toutes choses en Lui ».
Je remercie la congrégation de m’avoir offert les compétences nécessaires pour servir au Ghana en tant qu’enseignante et directrice d’école. Mes études au Collège Tangaza (Institut Pédagogique du Christ Enseignant) et à l’Université de Cape Coast m’ont permis d’être plus efficace dans mon service.
Chaque jour était unique à l’école. Les expériences vécues avec 994 enfants, 37 enseignants, 3 membres du personnel en appui, les parents, les anciens, les agents du bureau municipal de l’éducation, le bureau régional de l’éducation catholique, les instituts d’éducation qui envoyaient des étudiants à encadrer, les organisations non gouvernementales venues soutenir nos programmes éducatifs, notre école partenaire en Allemagne (école et paroisse St. Lambert à Münster), les femmes qui vendaient de la nourriture aux enfants et bien d’autres encore, ont rendu chaque jour passionnant.
Chaque jour nous a demandé créativité, attention et patience face à ce qui se passait. Le bureau du chef d’établissement était constamment occupé pour coordonner les activités de l’école, fournir les informations nécessaires au Bureau de l’Enseignement, s’occuper des visiteurs qui venaient chercher des informations pour de nouvelles admissions ou pour transférer un enfant venant d’une autre école.
Comment nous organisions-nous dans l’école ? Je tenais régulièrement des réunions et des conseils avec mes trois assistants : Madame Naah Edna, une enseignante expérimentée, Madame Sandow Natasha, conseillère et enseignante dévouée, et M. Nguissan Kpekpenou, surveillant énergique et zélé. Nous avons pu diriger l’école en travaillant aussi en réseau avec d’autres enseignants. Nous avons constamment évalué notre administration et planifié de nouvelles stratégies pour atteindre nos objectifs. Nous avons parfois commis des erreurs, dont nous avons tiré profit pour aller de l’avant, avec des idées et des compétences renouvelées.
Nous organisions une réunion hebdomadaire avec l’ensemble du personnel pour discuter de la manière d’aider les enfants. Ces réunions servaient également au développement professionnel et à l’information. Nos réunions de planification trimestrielle ont été très utiles. Chaque enseignant faisait partie d’un comité et d’un club ayant des responsabilités spécifiques dans l’administration de l’école.
Ces clubs et comités comprenaient la musique et la danse, les sports, la santé, l’agriculture, le bien-être, l’orientation scolaire ainsi que l’entretien. Ces comités se réunissaient régulièrement en fonction des besoins et coordonnaient les activités avec la directrice. Ainsi, chacun a eu l’occasion de faire quelque chose pour le développement de l’école et a contribué à l’éducation des enfants. Nous étions comme une toile d’araignée où chacun dépend des autres pour réussir.
Pendant les célébrations de la Semaine Catholique et de la Semaine Saint Charles Lwanga, chaque enseignant s’est impliqué pour rendre ces événements intéressants, agréables et divertissants. Cette façon de fonctionner nous a permis d’organiser de nombreuses activités intéressantes telles qu’un concours de quiz entre les enfants, des activités sportives, des journées culturelles, des journées des métiers, des concours de danse et bien d’autres choses encore.
En effet, nous n’avions qu’un désir : voir les enfants grandir de manière holistique, sur le plan culturel, intellectuel et spirituel. Nous nous sommes efforcés de faciliter l’enseignement et l’apprentissage en créant un environnement propice pour les enfants et les enseignants. Notre vision, c’était de faire de l’école un endroit où les enfants désirent venir chaque matin , d’en faire un lieu sûr pour être et apprendre selon la devise de l’école :
discipline, travail et réussite.
Les enseignants préparaient leurs cours de manière à encourager l’apprentissage. Des lieux comme la Salle d’Informatique et le Centre d’Apprentissage étaient les endroits les plus attrayants pour les enfants, ils proposaient des cours pratiques ! Les enfants s’y précipitaient en courant pour être les premiers à entrer !
J’ai été heureuse d’être témoin d’actes charitables de la part des enfants ou des enseignants : par exemple, un enfant partageant de la nourriture avec celui qui n’en a pas, des enseignants soutenant ou rendant visite à des enfants malades, et tant d’autres choses encore !
Je me souviens de nos humbles débuts lorsqu’au nom de la Congrégation, nous avons pris en charge l’administration de l’école en 2007. Les soeurs qui ont commencé cette mission vous diront que c’était vraiment difficile parce qu’il y avait très peu de soutien de la part des parents et peu de motivation de la part des enfants et des enseignants. Au bout de 17 ans, on constate un changement qui a aidé de nombreux enfants à « grandir », les a protégés de l’abandon scolaire,
et les a encouragés à apprendre et à réussir. Durant toutes ces années, moins de 5 enfants ont abandonné l’école. C’est très encourageant et valorisant. En réfléchissant à cette mission à l’école, il reste encore beaucoup à faire. Toutes ces réussites sont le fruit d’une collaboration avec de nombreuses structures.
La sagesse de nos Constitutions m’a inspirée chaque jour :
Vivre proche du peuple, c’est s’ouvrir à la richesse de sa culture, comprendre sa vision du monde et de Dieu pour devenir vraiment Tout à tous. Cette attitude exige un renoncement continuel à soi-même ».
Je suis reconnaissante d’avoir vécu une vie missionnaire en façonnant la vie de futurs dirigeants et en les aidant à « grandir ». Les défis et les difficultés que j’ai rencontrés ont été pour moi source de croissance. J’ai grandi en tant que personne, en tant que chrétienne et en tant qu’éducatrice. Je suis très heureuse d’avoir vécu une vie missionnaire épanouie au Ghana comme SMNDA, partageant notre charisme et notre mission.