De notre sœur Valérie KABORE, Hydra, Algérie
Chères sœurs, je vous partage dans la joie, mon vécu de la rencontre de Taizé à Tlemcen.
Le dimanche 20 août dernier, nous prenions la route avec une sœur de l’Immaculée Conception de Ouagadougou, une sœur de Notre Dame du Lac de Bam, un stagiaire Missionnaire d’Afrique et une jeune étudiante Kényane…direction « Dar Essalam », le centre d’accueil des Focolari à Tlemcen (à un peu plus de 500kms à l’Ouest d’Alger).
Nous y retrouvons une soixantaine de jeunes, étudiants pour la grande majorité, des religieux/religieuses et quelques personnes originaires du pays. L’ambiance est festive et sereine. Cette rencontre a été initiée il y a 18 ans pour accompagner les jeunes étudiants dont la presque totalité vient d’Afrique subsaharienne et qui bénéficie de bourses d’études universitaires en Algérie.
La journée type à la communauté de Taizé est bien remplie.
Elle commence aux aurores avec l’eucharistie (pour les catholiques), suivie de la prière du matin, du petit déjeuner, des services divers (nettoyage, épluchage des légumes…) et partage biblique. Ensuite, nous avons la prière du milieu du jour, le déjeuner puis un temps de repos, la répétition de chants, un atelier à thème ou atelier simplement. Enfin la soirée s’organise autour de la prière du soir, du diner et la soirée détente.
Cette année le thème qui nous était proposé était : « L’oncologie de notre vie intérieure »
Il a été développé de manière détaillée et interactive par un Frère mariste. Il a ainsi relevé les cancers qui gangrènent nos vies aujourd’hui. Il y a entre autres la peur, la haine, la superficialité, l’éloignement de Dieu, l’emprise ou la fascination, la paresse, la rigidité, le mythe du « Golden Age », (l’Age d’Or), le suivisme…la liste est bien longue.
L’identification de ces maladies a été l’occasion d’échanges très profonds. En résumé, l’invitation majeure est l’appel à la vigilance par rapport à « nos modes de consommation physique, spirituelle et émotionnelle. » La meilleure thérapie consiste à laisser Dieu prendre davantage de place dans nos vies, de nous nourrir de positivité, de travailler toujours à l’harmonie entre l’être intérieur et l’agir extérieur, ce que Carl Rogers appelle la Congruence.
A travers la prière commune trois fois par jour, j’ai pris conscience de l’importance de l’appel à la l’unité entre chrétiens. Au pied même de Jésus Christ crucifié et ressuscité, nous trouvons la lumière, nous lâchons prise sur nos intransigeances et devenons capables d’être témoins ensemble. La prière de Taizé est très souvent basée sur de courts refrains qui, à force d’être répétés, Sr. Valerie (première rangée : milieu) avec le groupe en prière finissent par pénétrer tous les sens de la personne.
La parole de Dieu lue en plusieurs langues, nous aide à goûter sa diversité et sa richesse. La journée de vendredi est très centrale dans la session de Taizé. C’est la journée de prière silencieuse. J’ai été témoin du courage de plusieurs jeunes qui se sont ont détachés de leur téléphone portable pour mieux se consacrer à la méditation.
Le partage est le maître mot à Taizé.
Il est vécu à travers surtout l’exécution de tâches domestiques et le partage biblique. J’ai goûté surtout la fraîcheur et la nouveauté dans le partage des membres de mon groupe. La diversité d’appartenance à des Églises différentes d’autres participants plus jeunes a été un enrichissement. J’ai pris conscience de l’existence, dans nos Églises, de ce que l’on nomme la « théologie de la prospérité » signifiant par cela que la richesse est un signe de bénédiction divine.
Cela a des conséquences désastreuses pour les plus jeunes membres qui enrichissent des pasteurs prédateurs ou qui s’improvisent leaders spirituels pour assouvir leur avidité matérielle. Le partage des tâches a été un lieu d’interaction et d’apprentissage avec ces différents jeunes. Il y avait beaucoup de sérénité et d’entraide.
En somme, cette semaine m’a encouragée en étant témoin de leur vécu quotidien. Ils/elles m’ont nourrie par l’authenticité de leur partage, par la solidité de leur foi et par leur sens du service. C’est un appel à « être avec », dans des lieux de vie, rester juste là, disponible et à l’écoute.