Témoignage du père Dave Sullivan M.Afr. accompagnateur spirituel du chapitre SMNDA
Dans une homélie de l’un des premiers jours du chapitre, j’ai parlé de ma première expérience d’un bal où garçons et filles dansaient ensemble. À l’époque, je ne connaissais rien à la danse. Les filles avec lesquelles j’ai dansé m’ont appris que pour danser, il est nécessaire d’écouter le rythme de la musique et d’en suivre le rythme. Cette leçon s’applique non seulement à la danse, mais aussi à tous les aspects de la vie. Nous devons écouter le rythme que Dieu « joue » dans nos vies et il nous faut ensuite danser sur cet air.
Les premiers jours du chapitre des SMNDA, j’ai eu l’impression que Dieu jouait un air différent dans ma vie.
C’était un air plus « féminin », un air qui ne m’était pas très familier. En écoutant ce qui se passait dans le chapitre, il y a eu des moments, surtout les premiers jours, où j’ai ressenti un certain malaise, un dépaysement (changement de scénario) – parce que ce n’est pas comme ça que nous, les « garçons », nous faisons les choses ! Je n’étais plus du tout dans ma « zone de confort ». J’ai vécu une sorte de lutte intérieure entre votre façon féminine de voir et de faire les choses et ma sensibilité plus masculine.
Durant le chapitre, les sessions du matin débutaient avec un « check in », où les soeurs partageaient ce qu’elles pensaient et surtout ce qu’elles ressentaient. Le soir, à la fin de la journée, il y avait des sessions d’intégration où l’on partageait davantage les sentiments et les impressions personnelles. Puis il y a eu des images et des symboles : des graines qui poussaient et des chenilles qui se transformaient en papillons. Tout cela était un peu différent de ce à quoi j’étais habitué et cela me paraissait quelque peu déconcertant.
Mais je me suis dit que c’était la musique que Dieu jouait dans ma vie, et même si ce n’était pas la musique que j’aurais choisie, c’était la musique que Dieu m’appelait à écouter, à respecter et même à danser. En écoutant la musique que Dieu jouait dans ce chapitre, je pense que Dieu me mettait au défi d’écouter ma sensibilité « féminine », d’être davantage attentif à mon « côté féminin » et de prêter attention aux façons « mystérieuses » dont l’Esprit de Dieu était vivant, bien vivant et très actif dans la vie de mes soeurs SMNDA !
Et, au fur et à mesure de l’avancée du chapitre, j’ai commencé à voir de plus en plus clairement que de bonnes choses se produisaient.
Un espace chaleureux et sûr était créé dans lequel les soeurs pouvaient partager et exprimer des choses vraiment importantes, des sentiments profonds et des expériences personnelles qui, autrement, seraient restés cachés. Je voyais que si nous devions être transformés – et c’était le but du chapitre – il était d’abord nécessaire de nommer et d’affronter les questions profondes présentes dans nos vies, qui nous empêchent d’être les hommes et les femmes que Dieu veut que nous soyons.
Au cours du chapitre, ces questions profondes dont nous avons tendance à ne pas parler ont été appelées les « éléphants dans la pièce ». Elles ne peuvent être affrontées et évangélisées que lorsque nous créons un « espace sûr » dans lequel nous nous sentons en sécurité, acceptés et aimés – et c’est ce qui se passait dans le partage des sentiments et des images, etc.
Le chapitre a clairement été une expérience au cours de laquelle l’Esprit Saint vous a transformées, mes soeurs.
Et le même Esprit était à l’oeuvre dans la vie de moi, votre frère. L’Esprit de Dieu qui vous invitait à sortir de votre condition de « chenilles » pour devenir de beaux « papillons », m’appelait aussi, moi, votre frère, à sortir de sa condi-tion de « chenille », trop étroitement masculine et peut-être même patriarcale, pour devenir un « papillon » qui a intégré quelque chose de son côté féminin et qui l’a laissé être évangélisé.
Je vous remercie donc, mes soeurs, de m’avoir mis au défi et aidé à être plus attentif à la « part féminine » de moi-même, me permettant découvrir ainsi un peu plus, celui que Dieu veut que je devienne. Mais patience ! Nous, vos frères, avons parfois besoin de beaucoup de temps pour passer de l’état de chenille à celui de papillon.
L’un des thèmes majeurs du chapitre, qui m’a frappé, est l’importance de créer une « culture de la collaboration ». Cela implique, tout d’abord, la création d’un espace chaleureux et sûr au sein de nos communautés, où nous pou-vons nous sentir libres d’être nous-mêmes et de partager quelque chose de ce que nous portons dans nos coeurs. Cet espace chaleureux et sûr est nécessaire parce que, tous, nous portons beaucoup de fragilité, de vulnérabilité et de blessures. Si nous n’avons pas le courage et l’humilité d’y faire face et de permettre au Seigneur de les évangéliser, nous allons très probablement faire souffrir et blesser les autres.
La création d’un tel espace dans nos communautés interculturelles et intergénérationnelles est d’une importance vitale pour nous tous – tant SMNDA que M. Afr. ; un endroit où nous pouvons nous sentir « chez nous » et où nous pouvons partager quelque chose de ce que nous vivons. Dans cette culture de collaboration, nous nous parlons d’égal à égal, en frères et soeurs, enfants du même Dieu (ce qui n’empêche pas de reconnaître que nous pouvons avoir des fonctions et des dons différents) ; nous nous écoutons les uns les autres, laissant l’autre personne parler et sentir qu’elle a vraiment été entendue.
L’un des objectifs du chapitre était la « transformation ». Cette transformation ne viendra sans doute pas de la modification des structures ou même de l’élection de nouvelles responsables, mais de la conversion personnelle.
A maintes reprises au cours du chapitre, les soeurs ont parlé de la nécessité d’un travail personnel. La transformation de nos instituts missionnaires commence par chacun/e d’entre nous. Comme on nous l’a dit : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » – dans la congrégation ! Cela est aussi vrai pour moi que pour vous !
Pour moi, le temps passé au chapitre des SMNDA a été un bon temps. J’ai essayé d’être un frère pour mes soeurs et les soeurs ont été vraiment des soeurs pour moi. J’espère avoir respecté les soeurs et j’ai vu qu’elles me respectaient. J’ai senti que nous étions frères et soeurs dans une même mission et que dans un tel esprit de famille, nous pouvons faire de grandes choses et que Dieu peut faire de grandes choses en nous !