Sr Gisela Schreyer presente l’approche scientifique des Sœurs missionnaires : un trésor oublié
Quand la mission rime avec observation scientifique
Le Cardinal Charles Lavigerie encourageait vivement ses missionnaires – Pères, Frères et Sœurs – à s’impliquer dans la connaissance des pays où ils étaient envoyés : langue, culture, traditions… et même observations scientifiques. Bien que les Sœurs n’aient pas reçu la même formation spécialisée que les Pères, certaines d’entre elles se sont passionnées pour ces domaines et ont documenté avec soin ce qu’elles apprenaient au contact des populations locales.
Une découverte précieuse dans les archives
Parmi ces témoignages, on trouve aujourd’hui dans les archives des collections de plantes médicinales et de teintures naturelles, utilisées notamment pour la confection de tapis traditionnels. Ces matériaux rares furent redécouverts par l’historienne Mme Catherine Marin, auteure d’un ouvrage sur Mère Marie Salomé, lors d’une de ses visites à Rome.
Elle m’a invitée à présenter ces trésors lors d’une Journée de Documentation Missionnaire à Paris (le 24 mai), dédiée à la contribution des missionnaires à la connaissance des sciences naturelles.
Une journée riche en échanges scientifiques et culturels
Huit intervenants – chercheurs, professeurs, étudiants et archivistes – ont partagé leurs travaux sur des régions aussi diverses que la Chine, le Vietnam, les îles Samoa, l’Afrique ou encore l’Europe, couvrant plusieurs siècles d’histoire missionnaire. J’étais fière d’être la seule à représenter une approche féminine.
Le regard unique des femmes missionnaires
Dans ma présentation, j’ai mis en lumière comment nos Sœurs au Sahara avaient appris, avec humilité et curiosité, l’art du travail de la laine auprès des femmes locales. Ce savoir ancestral est magnifiquement raconté dans Une relecture de notre Histoire de Famille (p. 95 et suivantes).
J’ai aussi présenté la collection de plantes médicinales établie par Sœur Marie-Claver (+1985), dans les années 1930. Un travail remarquable, réalisé sans formation scientifique formelle.
La science au féminin : écoute, échange et dignité
Les femmes n’avaient à l’époque que peu, voire pas, d’accès à la recherche scientifique. Pourtant, nos Sœurs ont réussi à apporter une contribution essentielle, souvent en tissant des liens profonds avec les femmes locales, dans un véritable esprit d’échange.
Le Père Gilles Berceville o.p., directeur de l’Institut, a souligné dans son résumé final l’importance de l’écoute, du dialogue et de la valorisation de la dignité humaine dans la démarche des Sœurs quand elles écoutaient les paroles d’une femme saharienne : « Je vais te montrer la façon de tisser », illustrant parfaitement l’esprit de transmission et de partage.
« Ce sont de bons ingrédients pour bâtir un monde moins violent », a-t-il conclu.
Remerciements et perspectives
Cette expérience m’a rappelé à quel point les missionnaires féminines ont contribué non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan scientifique, souvent de manière méconnue, mais jamais insignifiante.
Je remercie vivement Sr Nicole Robion pour ses précieux conseils après avoir écouté ma présentation, ainsi que Srs Nicole et Danuta qui étaient présentes à Paris et ont enrichi la journée de leurs échanges chaleureux.


















