L’Afrique est riche en réserves de minerais ; ce continent est un producteur de pointe pour l’or, le coltan, etc.
C’est une bénédiction, mais aussi une malédiction, parce que, les réserves de minerais sont une source de conflits dans de nombreux pays africains. On est réellement surpris de constater qu’il y a en Afrique davantage de compagnies minières illégales que légales. Un expert estime que 95% des mines à petite échelle au Ghana sont illégales. Plus de dix mille immigrés chinois arrivent dans ce pays chaque année, engagés dans « Galamsey I »1. Ceci constitue une réalité, pas seulement au Ghana, mais aussi dans d’autres pays africains.
En Afrique, il y a un manque de lois et de régulations appropriées, ce qui attire beaucoup de compagnies minières vers l’Afrique et encourage une exploitation imprudente, irresponsable et sans précautions. La corruption, spécialement dans les rangs de la police, aggrave la situation dans les deux cas. De plus, l’Afrique ne semble pas se préoccuper de cette situation.
L’exploitation minière a un effet désastreux sur l’écosystème :
En 2013, le Groupe de Travail « Intégrité de la Création », de la Commission inter-congrégationelle des religieux JPIC à Rome, a effectué une enquête auprès des congrégations religieuses, des organisations dépendantes des Églises, des ONG, etc. travaillant avec les victimes de l’industrie minière. J’ai été choquée de voir que l’Afrique n’était concernée qu’à 4%. Pourquoi si peu d’engagement dans ce qui cause de grandes souffrances dans la vie des gens en Afrique ? Serait-ce un manque de conscience ou d’intérêt, d’engagement ou de connaissance ?
L’exploitation minière est une activité de courte durée, ayant des effets environnementaux à long terme. Elle change l’environnement naturel à cause de l’addition de matières chimiques et de substances toxiques déversées dans les rivières et les puits. Les mines à ciel ouvert entraînent la déforestation, l’érosion du sol, la dégradation de la terre, la pollution de l’air et la contamination de l’eau, et en conséquence posent un problème pour les moyens d’existence.
L’industrie minière a aussi un effet désastreux sur l’écosystème des lacs d’eau douce en Afrique, sur l’eau de mer comme habitat naturel d’organismes marins et de biodiversité. Comme résultat, on constate la perte de différentes espèces de la faune et de la flore.
Des guerres causant des déplacements de communautés, des pertes de vies (voir l’exemple des « Galamsey » en Afrique de l’Ouest). L’expérience dans le delta du Niger montre comment la violence des jeunes et l’existence de milices sont des résultats provenant de sentiments de perte de liens avec les bases de la communauté et de l’exclusion du développement de resssources naturelles.
La réduction en otages de personnes : forcées par des milices, elles doivent travailler dans des mines surveillées par des miliciens aux fusils chargés. Beaucoup d’enfants, même ayant l’âge de douze ans, sont employés comme mineurs.
Une dépendance économique et une pauvreté accrue à cause des dommages dans l’agriculture de subsistance, la destruction de récoltes agricoles, la confiscation de terrains agricoles qui interrompent la chaîne de production des moyens d’existence des gens. Un cultivateur de cacao, arrivant un matin sur son champ, a trouvé deux chinois qui avaient détruit tous les cacaotiers et étaient en train de creuser le sol pour trouver de l’or. Ces cacaoyers étaient la seule ressource que ce paysan avait pour nourrir sa famille. L’augmentation des prix de la nourriture et des loyers, causant des vols, la consommation d’alcool, les jeux de hasard, la prostitution et des maladies sexuellement transmissibles.
La violation des droits humains : la RD Congo est le plus grand producteur mondial de coltan. On l’appelle « coltan de sang », parce que son extraction est réputée être responsable de la violation des droits humains. Il y a une entente internationale dans la crise du coltan en RDC : comment expliquer autrement qu’un pays qui n’a supposément pas de gisements de minerais ou de coltan, soit l’un des plus grands producteurs et exportateurs de coltan ?
Sérieux risques pour la santé :
L’exploitation minière comporte de sérieux risques de santé pour les ouvriers, les résidents et les visiteurs. De grands trous non bouchés et des sites d’exploitation abandonnés contenant de l’eau stagnante menacent la santé publique en propageant le paludisme et d’autres maladies liées à l’eau. L’accumulation de métaux lourds, au niveau de la chaîne alimentaire, est très dangereuse. Les ouvriers dans les mines d’or ont un espérance de vie plus courte à cause de leur exposition à des substances qui peuvent créer des cancers, la tuberculose des poumons, l’anémie, l’hypertension, la leucémie, etc.
Il n’y a aucun doute que c’est au niveau des communautés locales que l’on doit supporter le fardeau des effets à long terme de l’exploitation minière. Tandis que des minerais sont exploités en Afrique pour le développement ailleurs, l’Afrique devient de plus en plus pauvre. Il y a davantage?: les industries minières participent au crime contre l’humanité internationalement organisé en Afrique, amenant à des pertes de vies humaines, à la migration et au déplacement de la jeunesse africaine. Il est très clair que les guerres non terminées dans la République Démocratique du Congo et dans la République Centrafricaine ne sont que des disputes pour des minerais, initiées par des pouvoirs étrangers sous le prétexte de combattre la guerre entre des factions locales de rebelles. Les victimes crient vers nous, est-ce que nous entendons leur peine et leurs cris ? Pouvons-nous entendre les gouttes de sang de milliers de personnes tombant par terre, demandant des actions pour arrêter cette injustice dans les mines en Afrique ?
Face aux souffrances du peuple d’Israël, Dieu dit à Moïse : « J’ai vu l’humiliation de mon peuple en Égypte et j’ai entendu leur cri. » (Ex 3,7). Où nous tenons-nous face aux souffrances des peuples d’Afrique, dues à l’exploitation des minerais ?
Sr. Maamalifar M. Poreku, communauté de Rome, Conseil Général