
La demande d’un article sur l’AMV à Oran m’a trouvée en train de préparer une rencontre à la bibliothèque. Ce qui me tient à cœur et ce à quoi je voudrais inviter d’autres, c’est de continuer à développer notre engagement pour un monde plus humain, en harmonie avec la nature.
Dans ce but j’ai sollicité une étudiante malienne qui venait de terminer ses études à l’Université Oran 1. Félicienne Diarra a soutenu son Master 2 en Génie des Procédés de l’Environnement. Elle nous a parlé de la production du biogaz à travers un traitement des déchets organiques (les épluchures de légumes, les boues des stations d’épuration…). Elle a choisi ce thème car le monde fait face à un défi qui menace son existence. Les déchets s’accumulent (et dans les rues d’Oran pendant plusieurs jours de la grève des éboueurs cela est devenu dramatique et déprimant pour beaucoup de personnes). Par ailleurs la demande d’énergie est de plus en plus grande.
Ce procédé industriel mais aussi artisanal (domestique) est une opportunité à saisir. Son but est de toucher le plus possible de personnes pour que les gens se sentent concernés par les potentialités de la création qu’on peut utiliser avec sagesse et inventivité. Le faire ne demande ni de signer des pétitions, ni de compter sur nos dirigeants, mais de contribuer par des gestes quotidiens à réduire, voire même ne pas produire de déchets. Elle nous a fait prendre conscience que nous avons le pouvoir de produire l’énergie dont nous avons besoin en recyclant nos déchets domestiques et industriels. Cette conférence a contribué également à une ouverture et des échanges entre les Africains du nord et du sud.
Proclamer la Bonne Nouvelle aux malades.
Depuis plusieurs années je suis très frappée dans l’Evangile par Jésus qui annonce la Bonne Nouvelle en guérissant les malades. Les recommandations de Jésus d’aller guérir les malades fait partie intégrante de la proclamation de la Bonne Nouvelle. Jésus nous recommande d’imposer nos mains sur les malades et promet qu’ils s’en trouveront bien. « Ils imposeront les mains à des malades et ceux-ci seront guéris» (Mc 16,18).
Cela fait quelques années que je me forme dans les soins naturels et je suis émerveillée de voir leur efficacité dans beaucoup de cas. Mais imposer les mains sur les malades… ? Oui, j’ai commencé à le faire. D’abord c’était une petite voisine née avec une pathologie grave. A l’âge de 2 ans, hospitalisée en réanimation, les médecins lui donnaient une espérance de vie de 48 heures. Quand son papa m’avait partagé cette annonce, je fus surprise des paroles qui sortirent de ma bouche : « Votre fille ne mourra pas ». Je l’ai accompagné l’hôpital pour voir la petite. Je n’ai pas pu la toucher, mais la voyant branchée à toutes sortes d’appareils, j’ai été frappée par ce petit corps qui respirait avec vigueur. Nous étions nombreux à prier pour elle. Pendant plusieurs semaines elle est restée entre la vie et la mort…mais, cette enfant est vivante, et aujourd’hui après une autre opération elle est en bonne santé.
Actuellement dans mon entourage se trouvent plusieurs personnes seules, âgées et malades. Quand je peux, je vais les visiter. Elles me parlent des sœurs et de notre vocation : être proches des gens, avoir un cœur pour les autres, donner de la valeur aux personnes qui diminuent. Ce sont des moments intenses d’écoute et d’échanges et pour moi d’interpellation.
Dernièrement un ami, le mari d’une compatriote a eu une sévère forme de cancer. Je lui ai demandé s’il acceptait qu’avec sa femme nous prions sur lui. Il le voulait. A chaque fois que j’allais le visiter il me demandait de lui imposer les mains. Les dernières semaines de sa vie sa tête était brûlante. Il éprouvait un grand soulagement de sentir la fraicheur de mes mains posées sur sa tête. Je priais Jésus. A chaque fois que je le faisais j’entendais dans mon cœur les paroles de Jésus: « Guérissez les malades en leur imposant les mains». Il est parti dans la paix.
De plus en plus je découvre que, vivant parmi les musulmans, je peux proclamer la Bonne Nouvelle sans le moindre prosélytisme. Partout où je rencontre des personnes qui aspirent à une relation avec Dieu je peux témoigner librement, parler de ce que je vis, de ce que la Parole de Dieu fait en moi. Je reçois également des témoignages de la part des autres. Tout cela est un chemin qui nous rapproche tous de Dieu. Le weekend dernier Valérie est venue d’Alger pour soutenir un couple ami de notre communauté depuis des années. Le mari avait été hospitalisé en urgence et son état s’est dégradé gravement ces derniers jours. Quelques personnes nous ont vues à l’hôpital et l’ont partagé à d’autres. L’une d’elles m’a écrit : « Ils m’ont informé que même les sœurs sont venues visiter le malade. Ils ont été très touchés. Merci pour ce témoignage chrétien, ils n’en reviennent pas.
Aujourd’hui je viens d’avoir, sur Messenger, un message d’une femme française qui est venue à Oran en 2003 dans le cadre de sa recherche universitaire en sociologie. Comme à l’époque il n’était pas très recommandé qu’une jeune femme loge seule dans un hôtel nous avons accepté de l’accueillir en communauté. Nous l’avons mise en relation avec plusieurs femmes entrepreneuses à Oran pour qu’elle puisse réaliser son étude. Grâce à ces rencontres elle a pu rendre fructueuse sa mission. Notre contact s’est coupé pendant des années, mais elle m’a retrouvée par Facebook. Elle m’écrit aujourd’hui, 27 janvier 2022 : « Bonjour chère sœur Danuta. J’espère que tu vas bien. Je me demande quelles sont tes activités aujourd’hui. Habites-tu toujours au même endroit à Oran ? Pries-tu beaucoup, pour tous, par rapport à la pandémie qui nous affecte ? Je suis contente de te connaître et, même si cela fait longtemps, je me souviens comme si c’était hier, de mon séjour chez vous. Quelle chance j’ai eue, et comme ces moments étaient bons et précieux ».
C’était une jeune femme qui n’a jamais eu de contact ni avec l’Eglise, ni avec les sœurs… et je vois qu’aujourd’hui encore elle compte sur notre prière et elle se souvient de ce séjour.
L’Esprit souffle vraiment où il veut ! Je ne sais pas où il va ! Mais je voudrais y aller !
Danuta Kmieciak, communauté d’Oran, Algérie
Source: Partage Trentaprile Sharing pg.22-24.