Lorsque nous, la communauté de Rome en Italie, avons reçu l’invitation à écrire un article sur l’AMV, nous avons été perplexes…
Comment peut-on nous demander cela à nous qui sommes confinées entre nos quatre murs ? Pour sûr, nous ne faisons pas de l’animation missionnaire vocationnelle. Et pourtant, comme tout baptisé et consacré, ne sommes-nous pas, nous aussi, missionnaires, appelées à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ?
Paul VI dans Evangelii nuntiandi, écrivait : ― L’Évangile doit être proclamé d’abord par un témoignage. Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le coeur de ceux qui les voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire ? Pourquoi sont-ils au milieu de nous ? Un tel témoignage est déjà proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. »
C’est avec joie que nous vous partageons donc comment nous vivons l’animation missionnaire et vocationnelle au quotidien. Comme communauté, nous avons à cœur de prier régulièrement pour les vocations missionnaires et vocationnelles.
Il y a quelques mois, Sr. Marie-Christine Rousseau participait à une journée de collecte de déchets dans la ville, au bord du Tibre. Elle est tombée et a eu deux fractures. Elle s’est retrouvée du jour au lendemain sur un lit d’hôpital. Elle a choisi et accepté d’être hospitalisée dans un centre de rééducation public, partageant sa chambre avec 3 autres malades. Elle a été coupée de la communauté pendant plusieurs semaines à cause des mesures sanitaires alors imposées par le Covid. Le centre où elle était hospitalisée étant éloigné de Rome, elle a accepté de n’avoir des visites qu’une fois par semaine. C’est avec beaucoup de courage et de persévérance qu’elle a suivi la physiothérapie, dans un contexte de contiguïté, d’écoute et de partage avec les soignants. On se posait soudain des questions sur la fin de vie, le sens de la souffrance, l’euthanasie, sur la question de savoir comment chrétiens et non chrétiens pouvaient agir de manière plus humaine et fraternelle pour soulager des personnes souffrantes…
Avec des compagnes de chambre, dont certaines étaient désorientées ou déprimées, elle a pu leur être une présence réconfortante. Son hospitalisation a invité la communauté à sortir d’elle-même, à trouver du temps pour la visiter, pour nous faire proches grâce à WhatsApp, tout en continuant notre engagement au quotidien en nous entraidant. « Aimez-vous, entraidez-vous » nous demandait Mère Salomé.
Quant à Sr Iwona, elle se donne corps et âme à ses études au PISAI, voulant se préparer à rencontrer en profondeur des croyants musulmans. Confrontée à la différence, elle se laisse transformer par la découverte d’une foi tout autre. L’exigence de ses études lui demande de passer des heures et des nuits à étudier, parfois stimulée par ce qu’elle découvre, parfois sans y trouver goût. Elle accueille cela par amour de Celui qui l’a choisie et l’envoie au milieu des peuples musulmans.
Actuellement, elle est l’unique religieuse dans la communauté du PISAI et c’est l’occasion de faire connaitre notre charisme et d’entrer en relations simples et fraternelles avec d’autres étudiants – laïcs ou religieux, professeurs et employés de l’Institut.
Dans les relations avec nos employés, et surtout avec le cuisinier, nous partageons nos valeurs en lien avec la protection de l’environnement : utilisation de l’eau, de l’électricité, tri des déchets… Nous essayons nous-mêmes d’être cohérentes avec ce que nous désirons voir chez les autres.
Nous avons aussi le privilège d’avoir plusieurs familles de réfugiés syriens, afghans et érythréens qui vivent dans notre maison du Villino. Quelques-unes d’entre nous les visitent de temps en temps. Nous sommes chaque fois interpellées par leur façon de nous accueillir. Il nous arrive d’être questionnées par une jeune musulmane, au sujet de notre foi et de devoir en rendre compte. A l’occasion du Nouvel An, nous les avons reçus dans notre maison pour partager une soirée ensemble. Quelle joie de nous retrouver tous après une année et de découvrir le chemin parcouru par les uns et les autres. Joie de pouvoir communiquer plus facilement grâce à l’italien. Joie de sentir que des liens nous unissent et que nous nous enrichissons mutuellement. Nous recevons d’eux autant que nous pouvons leur offrir.
Nous avons élargi l’espace de notre tente en accueillant, pour deux semaines, une maman réfugiée, venant directement d’un camp au Liban, avec son enfant malade qui devait être traité en Italie. Grâce à la richesse linguistique et culturelle de notre communauté, nous avons pu nous faire proches d’elle et de son enfant.
Merci de nous avoir donné l’occasion de relire notre vécu à la lumière de l’Animation Missionnaire vocationnelle. Continuons à cheminer ensemble sur ce merveilleux chemin d’annonce de la Bonne Nouvelle !
Communauté de Viale Trenta Aprile, Rome, Italie.