Nous recevons et publions de la part de Pierre Diarra, théologien, administrateur de « Aide aux Eglises d’Afrique », Consulteur du Dicastère pour le dialogue interreligieux.
Quelle chance pour une personne de pouvoir choisir de migrer ou de rester chez elle ! Les Africains qui mettent leur vie en danger, en essayant de traverser le Sahara et la Méditerranée, choisissent-ils de migrer ou de rester ? Ont-ils vraiment le choix ?
Souvent entassés dans des embarcations de fortune ou des bateaux en mauvais état, les migrants ne perçoivent pas toujours qu’ils mettent leur vie en danger. Différents responsables politiques, économiques et religieux, en Afrique comme en Europe, n’osent pas toujours répondre à la question suivante : pourquoi tant de jeunes risquent-ils leur vie en essayant de traverser la Méditerranée ?
Les personnes qui quittent leur pays le font souvent malgré elles. Elles fuient un pays en guerre, une situation de chômage, de détresse ou de pauvreté, pour tenter de « sauver leur peau » ou d’améliorer leurs conditions de vie. Pour de nombreux « migrants en puissance », leur vie n’a plus de sens s’ils continuent à vivre la situation qui est la leur. La vie est si précieuse qu’il est préférable de tenter d’en améliorer les conditions, y compris en la mettant en danger. Suis-je en train de justifier le risque que prennent les « migrants en puissance » ? Non, j’essaie de comprendre.
Le Pape précise à Marseille, le samedi 23 septembre 2023, que la Méditerranée « porte en elle une vocation mondiale à la fraternité, vocation unique et unique voie pour prévenir et surmonter les conflits ». Il faut que cette mer « redevienne un laboratoire de paix. Car telle est sa vocation : être un lieu où des pays et des réalités différentes se rencontrent sur la base de l’humanité que nous partageons tous, et non d’idéologies qui opposent ». Ces migrants qui arrivent en Europe sont « des frères dont nous devons connaître l’histoire, et non des problèmes gênants, en les expulsant, en les renvoyant chez eux ; il consiste à les accueillir, et non les cacher ; à les intégrer, et non s’en débarrasser ; à leur donner de la dignité. Et Marseille, je veux le répéter, est la capitale de l’intégration des peuples. C’est votre fierté ! ».
Et le Pape d’évoquer les problèmes d’injustice, des « rivages où, d’un côté, règnent l’opulence, le consumérisme et le gaspillage et, de l’autre, la pauvreté et la précarité ».
Comment nous laisser interpeller pour lutter contre les injustices, les problèmes liés aux pays en développement, à l’instabilité politique et à l’insécurité ? Les fossés ne sont pas seulement profonds entre l’Afrique et l’Europe ; riches et pauvres cohabitent aussi dans les pays africains.
Le devoir de solidarité et celui de la justice sociale viennent s’ajouter, en le précisant, au devoir de charité universelle. Les réfugiés et les migrants de toutes conditions sont, très souvent, poussés hors de leur pays par la persécution ou par le manque, par divers besoins fondamentaux insatisfaits. Ils sont contraints d’abandonner leur patrie, les personnes qui leur sont chères, pour se rendre en terre étrangère.
De l’autre côté de la frontière ou des frontières vivent des frères et sœurs. Notre monde a besoin de fraternité, de partage, d’espérance, et de dialogue interculturel et interreligieux. Ce dialogue doit prendre en compte la valeur de la laïcité. « Que l’amour fraternel demeure. N’oubliez pas l’hospitalité… » (He 13, 1-2). Nous sommes invités à accueillir, mais aussi à soutenir de petites structures ecclésiales, des associations qui aident diverses personnes à mieux vivre, en les formant, en assistant affamés et assoiffés, étrangers et malades, prisonniers, bref des personnes démunies (Mt 25, 44-45). C’est ce que « Aide aux Églises d’Afrique » essaie de faire, grâce à vos dons.
Merci pour votre engagement.
La quête de l’Épiphanie a pour but « de promouvoir et de développer toute activités d’assistance et de bienfaisance en faveur de l’Église catholique en Afrique ». En 2023, 224 diocèses dans 28 pays d’Afrique ont bénéficié du partage de la quête de l’Épiphanie faite dans tous les diocèses de France. Cette quête est gérée et distribuée par l’association « Aide aux Eglises d’Afrique ».