Sr Elisabeth Biela a rejoint la communauté de Karlsruhe en novembre 2020. L’apostolat était nouveau pour elle, il fallait apprendre à connaître les lois concernant les personnes déplacées, les organisations comme Caritas, Diakonie (la Caritas protestante), le ‘Projet Justice’, les personnes avec qui travailler en réseau… Elle partage son expérience.
Très vite, on m’a demandé d’accompagner une famille Yazidi d’Irak qui risquait de devoir quitter le pays. Leurs
problèmes ne sont pas encore résolus, mais ils ont emménagé dans un appartement et se sentent chez eux. J’ai eu du mal à comprendre les lettres compliquées de l’administration allemande, à remplir les papiers, à les accompagner dans les bureaux et même à leur trouver un emploi. Et ils ne sont pas les seuls. Mais quelle joie pour
nous tous, quand les choses fonctionnent.
Sr Kordula Weber a organisé un cours d’allemand pour les femmes arabophones dans notre maison, la femme Yazidi y participe. Avec le Père Otto Meier M.Afr. j’accompagne une femme d’Haïti avec son enfant.
Nous travaillons vraiment main dans la main. On a toujours besoin d’aide pour s’y retrouver dans la jungle des lois et des ordonnances, trouver des médecins, des vêtements, etc.
J’ai réussi à obtenir un papier qui me permet de rendre visite aux personnes dans les 4 camps de Karlsruhe. Nous avions espéré entrer dans les camps pour un soutien pastoral mais l’administration de Karlsruhe n’autorise pas
le travail pastoral dans le camp, mais lorsque nous visitons les gens, nous prenons le temps de les écouter.
La partie la plus douloureuse de mon apostolat est d’entrer en contact avec des personnes qui sont venues en Europe par le biais de la traite des êtres humains. Les histoires de ces femmes (et de ces hommes) sont très
douloureuses et la plupart d’entre elles sont profondément traumatisées et envisagent même le suicide.
Lorsque je dis aux femmes que j’ai vécu au Ghana et au Burkina Faso, elles osent faire confiance et s’ouvrent. Tout ce dont elles ont besoin, c’est de temps, d’une oreille attentive et d’un contact avec une organisation qui les aide avec des psychothérapeutes, des médecins, des papiers…
Récemment, une femme nigériane qui avait passé 13 ans en Grèce dans la prostitution forcée, a finalement réussi à s’échapper. Elle était enceinte, mais elle a perdu son bébé sur le chemin de l’Allemagne.
J’ai été contactée pour l’enterrement du bébé. La femme se remet maintenant lentement de ce deuil. Pour beaucoup, nous sommes « porteuses d’espérance ».
En collaboration avec Caritas, Sr. Flora Ridder a lancé un projet de cuisine. Nous invitons les personnes vivant dans les camps à cuisiner leur propres plats. La nourriture qui leur est fournie ne convient souvent pas à leurs habitudes et à leur goût et il n’est pas permis de cuisiner dans les camps. C’est à chaque fois une fête pour eux et pour nous. Nous avons aussi des aides très fidèles qui s’occupent des enfants et des jeunes pendant que les adultes sont occupés à la cuisine. Grâce à la cuisine, nous rencontrons des frères et des sœurs de nombreux pays. Oui, nous sommes pleinement engagées dans les priorités de notre dernier Chapitre !
Lors d’occasions spéciales, nous préparons une liturgie avec des croyants d’autres religions, par exemple pour la prochaine « semaine de silence ».
Notre communauté SMNDA/M.Afr. répond à de nombreux besoins des migrants. Puisse cet apostolat continuer et témoigner de notre charisme. Les gens de l’Église locale comptent sur nous, sinon, beaucoup de l’accompagnement
personnel que nous faisons, ne serait pas fait.
Sr Elisabeth Biela, Karlsruhe, Allemagne