Anna Bernard vit à la Maison de Retraite St Charles de Verrières le Buisson.
Durant sa vie missionnaire africaine, c’est la Kabylie qui l’a accueillie et elle en garde de merveilleux souvenirs. Elle a également passé de longues années en France, toujours pour y rendre l’humble service de cuisinière. Avec beaucoup de gentillesse, elle a répondu à notre petite interview.
Anna, tu es de la famille de Mère Marie Salomé ?
C’était une parente de loin, mais je connaissais bien sa famille. A Plouguerneau où je suis née, j’étais voisine d’une de ses nièces. On était cinq enfants, j’avais deux grands frères et deux petits frères. Il reste le plus jeune, mon filleul, à qui je téléphone.
En quelle langue lui téléphones-tu ?
En breton, bien sûr ! Je prie en breton. Lorsque je suis arrivée en Kabylie, on m’avait dit que c’était une langue très difficile à apprendre. Je l’ai apprise avec une facilité extraordinaire parce que les résonnances ressemblent au breton. J’ai eu cette chance.
Plouguerneau est au bord de la mer. Etiez- vous des pêcheurs ?
Non, nous étions des cultivateurs. Le blé fauché, on liait les bottes avec des liens en paille, on les mettait en tas, on les passait à la batteuse pour séparer le grain. Notre blé, on le portait au moulin et on rapportait la farine avec laquelle on faisait le pain pour 8 jours. C’était beaucoup de travail. Le vendredi à midi, on mangeait des grandes crêpes avec du beurre salé.
As-tu d’autres souvenirs de ton enfance ?
Il y avait pas mal de missionnaires au village, c’est comme cela que j’ai connu les Sœurs Blanches. Tous les soirs, on avait la prière en famille. Nous étions tous à genoux, sur le sol en terre. C’est mon grand-père qui commençait : Notre Père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu, Je confesse à Dieu, les commandements, les 3 actes de foi, d’espérance et de charité. Après le souper, on jouait aux dominos. Toute petite, j’aurais toujours voulu être institutrice. Ma mère me disait que nous n’étions pas riches et qu’on ne pouvait pas me payer des études. Lorsqu’on me donnait de l’argent je ne m’achetais jamais des bonbons mais de la craie et je faisais la classe toute seule. Je parlais toute seule aux élèves…
En fait, durant mes 70 ans de vie religieuse, que ce soit en Algérie ou en France, ma principale activité a été la cuisine. J’ai aimé ce travail, même si je l’ai fait parfois par obéissance. Les plans du Seigneur ne sont pas les nôtres, mais c’est toujours en y répondant que l’on trouve la joie et le bonheur.
Propos recueillis par Nicole Robion