Sr Rehema (à gauche) et Sr Maria Carmen à coté d’elle, avec leurs camarades de classe à Rabat, Maroc. Au centre Mme Amina
Une lettre de nos sœurs Sr Rehema Toiwoki Kimesera et Sr Maria Carmen Ocón Moreno au Maroc
Chères sœurs,
Nous avons enfin trouvé un peu de temps pour vous donner quelques nouvelles depuis notre arrivée à Rabat. Rehema est arrivée le 21 janvier en provenance de Tanzanie. Après un voyage stressant où elle a dû attendre jusqu’à la dernière minute à l’aéroport de Dar-es-Salaam avant d’être autorisée à embarquer, se demandant si elle pourrait se rendre au Maroc, son arrivée à Rabat s’est bien passée, sauf qu’en raison d’un malentendu sur son heure d’arrivée, elle est restée trois heures à attendre qu’une sœur vienne la chercher.
Marie Carmen, elle, est arrivée le 22 en provenance d’Espagne. Elle a pris le bateau de Tarifa à Tanger et le train de Tanger à Rabat. Durant
le voyage elle s’est vraiment sentie accompagnée par les « anges » que le Seigneur avait mis sur son chemin… Et en effet, nombreux furent les gestes de solidarité et d’entraide entre voyageurs, tout au long du parcours.
Nous sommes toutes les deux hébergées au Centre Diocésain Notre Dame de la Paix géré par notre Congrégation Sœur de « l’Institut
des Filles du Coeur Immaculé de Marie » du Mali. Actuellement, nous sommes une dizaine de résidents. Cinq d’entre eux suivent le cours de
certificat à l’Institut Oecuménique de Théologie « Al Mowafaqa ».
Nous sommes 11 étudiants -dont quelques-uns n’ont pas reçu leur visa de différentes nationalités (RCA, Congo B, Côte d’Ivoire, Burkina Faso,
Tanzanie, Guinée Conakry, Espagne…). Certains sont des pasteurs de différentes églises protestantes, d’autres sont des prêtres catholiques,
une dame est mariée à un pasteur. Nous sommes les seules religieuses du groupe.
Nos apprentissages :
Chaque semaine, nous suivons un cours différent : la plupart d’entre eux nous aident à acquérir une meilleure connaissance de l’Islam
(les origines de l’Islam, l’anthropologie de l’Islam…) ou sont en lien avec la pédagogie pour s’engager dans un dialogue interculturel ou
interreligieux.
Quant à l’apprentissage de l’arabe, il a été très limité, puisqu’il n’a duré qu’une semaine jusqu’à présent. C’était une introduction à l’alphabet
de l’arabe classique. C’était comme retourner au jardin d’enfants, car nous nous efforcions de connaître les lettres de l’alphabet, de les écrire,
de les assembler, de les séparer et de les lire. Nous aurons une autre semaine d’étude en avril. Le professeur nous a dit que le mieux pour
nous serait d’apprendre le dialecte marocain, la « darija », une fois que nous serons à Ouarzazate.
Nous avons eu l’occasion de visiter certains lieux et de rencontrer différentes personnes :
- Nous avons visité la « Rabita Mohammedia des Oulémas » à Rabat, association de théologiens marocains engagés dans des projets de
réflexion, de recherche et d’activités sur le terrain afin de promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel dans le pays. Ils ont 25
centres dans le pays ; ils mènent des programmes éducatifs dans 3.000 écoles ; ils offrent une expertise au niveau international et accompagnent les prisonniers auteurs de violences et leurs familles pour les aider à retrouver une pratique pacifique et respectueuse de leur religion. Ils mènent une réflexion avec d’autres responsables religieux sur des sujets communs tels que l’écologie et tout ce qui peut favoriser une plus grande fraternité. - Nous avons eu également la possibilité de visiter l’église protestante, guidées par le pasteur Camille Kalonji. Originaire de RDC, il est venu au Maroc en 2005 pour faire son doctorat en Biomédecine, dans un projet de traitement du paludisme par les plantes naturelles. Non seulement il a obtenu son doctorat, mais il a été l’un des premiers diplômés en théologie de l’Institut Al Mowafaqa. Il est depuis 2018 pasteur au temple de Rabat. Nous avons été frappés par ce qu’il a dit à propos de son expérience : il a réalisé que « la fermeture c’est la mort » et que « l’ouverture c’est la vie » dans tous les domaines de notre vie. Voilà quelque chose que tous devraient bien garder en mémoire !
- Il y avait bien sûr au programme la visite de la Cathédrale Catholique avec une présentation de l’histoire de l’Eglise Catholique au Maroc par le Père Daniel Nourissat, actuel curé de la Cathédrale. Il s’agit d’un bel édifice à l’architecture très inculturée dans le style arabe.
- A une autre occasion, nous avons fait une visite à pied de trois heures à travers la Médina de Salé, ville millénaire surnommée la belle
jumelle de Rabat, située au bord de l’océan Atlantique, sur la rive droite du fleuve Buregreg, en face de la ville de Rabat. Bien encadrées par le guide, nous avons parcouru les parties les plus emblématiques de la ville.
Comme c’était la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, une célébration œcuménique très priante a eu lieu à l’Institut. De nombreux
catholiques et protestants y ont participé.
En dehors du contexte de l’Institut, le cardinal Cristobal nous a invitées à l’accompagner dans la ville de Fès, à deux heures et demie de route de Rabat, où il se rendait pour l’eucharistie dominicale. Il n’y a qu’une seule église du nom de Saint François d’Assise, dirigée depuis de nombreuses années par un père SMA d’Italie. La communauté chrétienne est importante, à cause des nombreux étudiants universitaires venant de différents pays d’Afrique. La seule congrégation religieuse est celle des Petites Soeurs de Jésus.
Il y a une semaine, nous avons réussi à déposer les documents nécessaires à l’obtention du permis de séjour. Il nous a fallu quelques
allées et venues avant d’y parvenir, mais c’est fait. Les employés de l’Eglise sont exemptés de paiement, car il existe un accord entre le
gouvernement et l’Eglise catholique.
Nous avons également eu la joie de passer un après-midi et une soirée avec nos frères Missionnaires d’Afrique. Ils sont trois, le Père Albert du
Burkina Faso, le Père Oscar du Mexique et le Père Modeste de la RDC. Nous avons découvert ensemble d’autres quartiers de la ville, un beau et grand parc appelé Hassan II, et la nécropole romaine de Chellah. Nous avons terminé la soirée par un bon dîner dans un restaurant syrien près de notre résidence. Ce fut un moment très fraternel qui nous a donné l’occasion de mieux nous connaître. Nous souhaitons tous/tes renouveler l’expérience.
Dans quelques jours, nous commencerons le mois de Ramadhan et tout le monde nous dit que tout va changer, le rythme de vie, l’atmosphère
de la ville… Alors, nous espérons profiter de ce moment privilégié pour nous retrouver avec les gens.
Si tout se passe bien, nous irons passer une semaine à Ouarzazate pendant les vacances, à la fin du Ramadhan. Il semble que les
rénovations de la maison soient achevées et qu’il ne reste à faire que quelques dernières touches de finition.
Nous sommes reconnaissantes d’avoir eu la chance de faire cette formation avant d’entamer notre mission ici. Même si la formation est
exigeante , nous l’apprécions beaucoup. Nous continuons à compter sur vos prières sur cette nouvelle route où nous cheminons actuellement.