Des apôtres !
C’est-à-dire des femmes au cœur brûlant « d’un amour fort et ardent » pour JESUS-CHRIST et totalement livrées à Lui.
Ces apôtres, il les destine à l’AFRIQUE. Pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ aux peuples africains : « Dites-leur que ce Jésus dont vous leur montrerez la croix est mort sur elle pour porter toutes les libertés au monde, liberté des âmes contre le joug du mal, liberté des consciences contre le joug des persécuteurs, liberté des corps contre le joug de l’esclavage. » (3 juin 1879)
Pour atteindre ce but et préparer des femmes-apôtres, vouées à l’apostolat près des femmes, la vie religieuse est pour lui la base indispensable, la suite du Christ étant depuis toujours le fondement de la vie consacrée.
Sa compréhension de la vie religieuse connaît plusieurs étapes importantes :
Comme historien -professeur d’histoire ecclésiastique à la Sorbonne- il est d’abord impressionné par l’œuvre religieuse, éducatrice et civilisatrice des moines. Lors de son voyage en Syrie, il découvre l’apostolat des religieuses. C’est certainement pour lui l’expérience la plus signifiante. Il les voit aller deux par deux dans les villages, visiter et soigner les gens, sans faire de distinction entre religions ou origines ethniques. Il les voit respectées, aimées de tous, même des musulmans, dans cette région secouée par des massacres interreligieux. Il est frappé également par l’influence des missionnaires…
Puis, comme évêque de Nancy (1863-1866), ayant la responsabilité des instituts religieux de son diocèse, il se sent très concerné par le manque de formation des sœurs enseignant dans les écoles diocésaines. Il s’emploie donc à leur faire obtenir les diplômes qui leur donnent une compétence égale à celle des institutrices de l’Etat.
A son arrivée à Alger en 1867, il y découvre sept congrégations religieuses féminines dont l’apostolat est orienté vers les colons. Il est bien clair que le gouvernement français voit le rôle de Lavigerie dans cette ligne. Mais il ne l’entend pas ainsi.
Le projet de Lavigerie, trois Instituts missionnaires pour l’Afrique.
En octobre 1867, le Cardinal crée une société masculine consacrée à l’apostolat en Algérie et pour l’Afrique, Les Missionnaires d’Afrique. Il ouvre le postulat et en confie la direction à un jésuite, le père Vincent, à qui il demande de rédiger des Règles pour les Pères, et aussi pour deux autres instituts qu’il a l’intention de fonder : les Sœurs et les Frères. Si bien que ces Règles, existant avant même la recherche des candidates, il peut en 1869 en envoyer des exemplaires aux évêques de France qu’il contacte pour le recrutement des vocations.
Les deux axes de la vie religieuse dans la congrégation :
En liant l’engagement pour l’Afrique à la formule des vœux, le Cardinal Lavigerie met en place les deux axes de la vie religieuse dans la congrégation :
– Le don total à Dieu par les trois vœux
– La consécration de tout l’être à son Règne en Afrique
L’orientation missionnaire de l’Institut, présente dès le début, s’est ainsi précisée peu à peu au fil des événements. Si les vœux sont le moyen par lequel se réalise le don total au Christ, ils ont aussi une dimension communautaire et apostolique : « Les sœurs sont liées entre elles et à l’œuvre commune par les vœux de religion. »
Pour le fondateur, la vie religieuse missionnaire est profondément UNE. C’est dans et par l’apostolat que les sœurs sont appelées à vivre et à grandir dans l’union d’amour à Dieu.