De notre sœur Clémentine Mukampabuka
Il y a le désert que j’ai visité la première fois en 2004 à Ghardaïa et à El Golea et où j’ai chanté l’hymne de la création ;
là où j’ai rencontré le bienheureux Charles de Foucauld ; là où j’ai rencontré Jésus de Bethléem, de Nazareth et de Galilée à travers la présence de nos sœurs et de nos frères en mission là-bas !
Il y a un autre désert, celui où je rencontre mes frères et sœurs détenus dans les différents lieux d’incarcération ici en Algérie.
Ils sont vraiment dans un désert qui les prive de certaines libertés dont celle d’aller où ils veulent, de voir qui ils veulent. Dans ce désert-là, les anges qui les nourrissent sont les autorités des établissements pénitentiaires et nous qui partageons avec eux la Parole de Dieu. Nous l’imprimons et la leur laissons comme un rendez-vous de la semaine. Ces moments de prière en prison éveillent ma foi. Je perçois la communion des saints. Cette Parole perce les grilles et les barrières de toutes nos prisons visibles ou invisibles, réelles ou imaginaires.
Cette Parole fait fleurir tous nos déserts. C’est elle qui aide à affronter le troisième désert. Celui d’une liberté effrontée.
En effet, nos sœurs et nos frères incarcérés et qui, comme tout détenu, rêvent d’une possible liberté n’en ont que sous forme de refoulement au désert. Notre Seigneur a été poussé par l’Esprit au désert, eux ils sont jetés là-bas par leurs semblables.
Après la prison ils doivent braver beaucoup d’obstacles, dépenser des sommes considérables d’argent pour retrouver les leur ou pour se préparer à un départ digne vers la case départ ou parfois pour se repositionner et se réinstaller. C’est inimaginable, ce dont nous pouvons être témoins de personnes animées d’une force de résilience et de rebondissements incessants.
De toutes ces formes de désert, j’apprends l’endurance par amour, l’exploitation de ma force innée de résilience devant l’adversité et la violence des vents contraires.
Que le Seigneur soit votre joie hommes et femmes justes ! A vous la louange.